Comment L’appeler?

Comment L’appeler ?

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Une note personnelle en guise d’introduction

Comment communiquer efficacement et dans quelle mesure la nature de ce que l‟on souhaite communiquer détermine-t-elle la possibilité même de la communication ? De nos jours, le medium de l‟écriture est amplement secondé, sinon dépassé, par les techniques audio-visuelles qui ne cessent de se perfectionner pour la transmission de messages percutants. Mais même si l‟on n‟utilise que l‟écrit, le verbe, la parole, tout écrivain, tout auteur, tout historien, tout philosophe, tout poète, s‟efforce probablement d‟acquérir et de développer certaines techniques, certain « savoir-faire ». Une partie considérable de cette vie – enfin, quelques décades – s‟est déroulée selon un processus de décantation de l‟ego. En cours de route, une sorte de choix intérieur s‟est affirmée, de se retirer des activités vitales et mentales. Ce choix était rendu possible par l‟expérience du soutien et de la protection de la Grâce. Un tel choix a naturellement diverses conséquences et certaines d‟entre elles, comme le retrait des interactions sociales, ou la diminution dans la circulation des énergies, peuvent être considérées comme négatives mais, en fait se révèlent très instructives. Je m‟excuse ici de ma nullité.

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La motivation essentielle de ce choix était de se rassembler et de se concentrer dans le travail d‟éveil de la conscience physique – afin que son terrain devienne propice à la rencontre et réceptif à la conscience qui doit remplacer le mental à la proue de l‟évolution. Du point de vue de l‟expression, l‟un des effets de ce retrait – et de cette orientation – est que l‟on ne peut plus se référer qu‟à l‟expérience directe ; il m‟est ainsi impossible, ou me serait insupportable, d‟écrire quelque chose qui ne soit pas fondée sur l‟expérience. Cependant, comme les mots utilisés restent les mêmes, l‟apparence peut alors sembler ordinaire, alors même que la phrase est chargée d‟une densité ou d‟une profondeur ou d‟une amplitude relatives à l‟expérience qui tente de se communiquer. Une exigence de fidélité rend toute explication si insuffisante qu‟elle semble presque trahir le sens éprouvé : il est donc nécessaire pour ceux qui voudront bien lire ces lignes, d‟établir par exemple une sorte de porosité ou de réceptivité qui favorise le sens intuitif plutôt que le raisonnement.

Un jour sûrement viendra, peut-être prochain, où il nous sera possible de communiquer, de partager instantanément, sans mots ni artifices d‟aucune sorte.

Divakar

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Aum Namo Bhagavate

Srimirraaravindaye

Namastasyei Namastasyei Namastasyei

Namo Namah

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Oui

Comment L’appeler ?

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Lui – Cela ?

Le Suprême marche sur Sa route.

A-t-Il les mains libres ?

Tient-Il le sceptre de l’empereur des mondes, la canne du vieux boiteux, le bâton du mendiant ?

Allongé, immobile, sur le flanc du rocher, dort-Il ?

Il va sur Sa route.

Sa silhouette à peine se profile.

Parfois, pour des instants presque aussi courts que des éclairs, Ses pieds apparaissent entièrement : ils sont forts et déliés, pleins de calme vigueur et parfaitement proportionnés; au dessus des chevilles tintent des grelots suspendus à une cordelette d or tressé Fermement ils vont de l'avant ; leur présence est telle que l’éternité seule peut là contenir. Puis tout s’évanouit et ne demeure que l’impression d’une forme. De cette forme pourtant émane une densité telle qu’aucunes dimensions ne peuvent la situer ni la soutenir.

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Paroles de Douce Mère

La conversation suivante, enregistrée par Satprem et Sujata dans l‟Agenda de Mère, présente l‟une des nombreuses occasions où Douce Mère a rencontré la grande contradiction, cette contradiction de fait, inscrite dans la matière même, qui semble rendre essentiellement et à jamais impossible une réelle transformation de la nature physique et matérielle, c‟est-à-dire son passage ou son accession à un état plus conscient et souverain, libéré de la nécessité de la mort et de l‟égoïsme.

« Le 26 Octobre 1968 :

Je n'ai rien à dire. Je peux parler, mais je n'ai rien à dire! Ça va?

Je ne tousse pour ainsi dire presque plus... Mais je n'ai rien à dire.

(silence)

Ce physique, cette conscience physique (je ne crois pas que ce soit une conscience physique personnelle), la conscience physique générale a été prise, dans ce corps, d'une pitié, oh!... Je ne peux pas dire «pitié»... c'est quelque chose de très spécial: c'est une compassion très intime et très tendre, de la condition physique humaine. Mais ça m'a pris dans des proportions formidables! Il n'y avait plus que cela dans la conscience, et si je n'avais pas contrôlé, je me serais mise à pleurer-pleurer-pleurer...

C'est cela, la dominante de ces derniers jours.

Et alors, comme par-dessous, comme venant des profondeurs, par- dessous, la perception de cette Compassion – de la Compassion divine –, de la façon dont la chose est vue et sentie par le Divin... Ça, c'était merveilleux.

C'était vraiment une dominante.

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Et alors, je passe presque des journées et des nuits entières dans le silence (je veux dire sans parler), mais à voir – à voir... Et alors, il n'y a pas la sensation ni la perception d'une individualité séparée, et il y a d'innombrables expériences, par douzaines tous les jours, montrant que c'est l'identification ou l'unification avec les autres corps qui fait qu'on sent la misère de celui-ci, la misère de celui-là, la misère... C'est un fait. Et non pas comme étant d'un autre corps, mais comme le sien propre. C'est-à-dire que, maintenant, il est difficile de faire une distinction sur un plan... (Mère étend ses mains au loin) il y a un plan un tout petit peu, tout petit peu plus subtil que le tout à fait matériel... Alors ce n'est pas la plainte de sa propre misère, mais TOUT est sa misère. Et il n'y a pour ainsi dire pas de contradictions du dehors – je ne vois pas beaucoup de monde: parmi eux, il n'y a qu'UNE personne, une personne qui vit dans une conscience joyeuse. Une seule parmi tous les gens que je connais. Et encore, c'est parce qu'elle vit dans une conscience vitale- mentale très harmonieuse et elle est contente... D'ailleurs, j'ai l'impression que si l'on grattait un peu... (la joie tomberait).

Oui, la condition des corps humains est très misérable.

C'est misérable.

Oui, très misérable.

C'est vraiment misérable. Oh! ce n'est pas du tout, cela n'a rien à voir avec les difficultés vitales, les difficultés mentales, tout cela... Le corps n'est pas conscient de ça, et ça ne l'intéresse pas – ça ne l'intéresse pas; quand les gens racontent des difficultés vitales ou mentales, ça lui paraît tout à fait enfantin. Mais c'est la MISÈRE dans laquelle ce corps vit, c'est cela qui est affreux. Il y avait même des moments... Il y a, comme je l'ai dit, le CONSTANT appel – constant appel – au Divin, et même fortement (comment dire?) la perception de sa Présence, et alors c'est comme une espèce de contradiction... Quand ça a commencé, j'ai dit: «Comment est-ce que Tu peux vouloir ça?»

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N'est-ce pas, depuis très longtemps – depuis des années –, l'attitude spontanée (ce n'est pas le résultat d'un effort), l'attitude spontanée du corps est: «C'est mon incapacité, c'est mon ignorance, c'est mon impuissance, c'est ma stupidité, c'est... qui fait ma misère.» Il se considère seul responsable de toutes ses misères. Mais alors, c'est cela, c'est cette contradiction: «Pourquoi-pourquoi-pourquoi est-ce que Tu veux que ce soit C'est-à-dire que ce n'est pas une plainte égoïste. Il y a une perception très claire et spontanée qu'il est impossible d'extraire un petit morceau du tout et d'en faire quelque chose d'harmonieux quand tout ne l'est pas. Mais pourquoi-pourquoi-pourquoi?... Je n'arrive pas à comprendre... Tant qu'il se sentait séparé (dans le temps – il y a très longtemps –, il y a très longtemps), quand il se sentait un corps séparé des autres, et surtout séparé du Divin, alors ça se comprend: il n'y a rien à dire, c'est tout naturel, cela se comprend. Mais maintenant que, pour lui, vraiment TOUT est le Divin, comment, comment cela n'apporte-t-il pas l'Harmonie?... N'est-ce pas, vitalement, mentalement (et naturellement au-dessus), quand on a l'expérience de l'identité, on a en même temps la Béatitude. Ici (corps), il y a l'expérience de l'identité et PAS de Béatitude. Pourquoi comme cela? Pourquoi?» Il se peut que si le corps avait réussi à rester séparé, il aurait pu sentir quelque chose – mais ce n'est pas vrai! c'aurait été un mensonge alors... N'est-ce pas, cette identité, ce n'est pas le résultat d'un effort, ce n'est pas le résultat d'une volonté: c'est un FAIT – c'est un fait spontané, je n'ai pas essayé le moins du monde de l'avoir. Ça a commencé comme cela. Et ce corps-là lui-même, il est dans un état... je ne peux pas dire précaire, mais enfin qui n'a rien de particulièrement réjouissant. Ça ne lui a pas apporté une harmonie physique.

Parce qu'il y a tout le reste.

Justement!

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De temps en temps, pour... même pas quelques minutes (ce sont quelques secondes), il y a une claire perception de la vraie Identité qui est une Harmonie parfaite, et alors tous les désordres n'existent plus – mais... matériellement ils existent! Prends une chose très simple: par exemple, mes dents sont toutes branlantes dans ma bouche – c'est un FAIT –, il est vrai que, logiquement, un tel état de la bouche devrait être très douloureux: il ne l'est pas; et je vois bien qu'il ne l'est pas à cause d'une Présence – ça, je le comprends bien. Mais ça ne guérit pas, il s'en faut! C'est inguérissable1.

Ce physique est vraiment... un mystère.

Je comprends les gens qui ont dit: «Il faut l'abolir, c'est un mensonge.» Et pourtant, ce n'est pas vrai, ce n'est pas un mensonge, c'est... c'est quoi? Dire une «déformation», cela ne signifie rien.

(silence)

Mais le pouvoir de soulager (non pas de guérir: le pouvoir de soulager), loin d'avoir diminué, a augmenté. Quand on me rapporte que quelqu'un est malade, au moins plus de quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, j'ai déjà ÉPROUVÉ la chose, et alors ce que l'on me dit me fait dire: «Ah! c'est telle personne.» Je l'ai déjà éprouvé comme faisant partie de mon être physique (geste au loin), un être physique immense, n'est-ce pas, immense et sans forme précise. Alors c'est cette précision et cette division qui sont... (comment dire?)... est-ce l'obstacle, est-ce la cause? (ce sont probablement les deux), qui empêchent l'Harmonie de s'établir. C'est parce que nous sommes REELLEMENT séparés. Mais alors, tu conçois comment serait un monde qui ne serait pas réellement séparé ?... Parce que, tu comprends, c'est sérieux: si pour que le monde existe tel qu'il est, il faut qu'il soit réellement séparé, et que d'être réellement séparé est la cause de toute la misère, alors... Et pourtant, autrement (je ne sais comment), autrement je sais (ce n'est pas «moi» qui sais: il n'y a pas de moi, là), je sais, je SAIS (c'est le grand Je qui sait) que l'abandon, la disparition de ce monde n'est PAS la solution... Mais quoi?...

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C'est le seul monde où la division n'est plus le résultat d'un état de conscience, mais c'est un FAIT, et alors...? Partout ailleurs, c'est le résultat d'un état de conscience: la conscience change, l'état change – là: pas. C'est le seul: ça (la matière). Et pourtant... c'est un mensonge.

(silence)

On conçoit facilement une amélioration considérable avec un établissement de la Conscience vraie, parce que, comme je l'ai dit, il y a des expériences (tout à fait passagères, mais enfin) qui sont très concrètes, d'une harmonisation même matérielle qui a toute l'apparence d'un miracle de cette façon-là; mais on conçoit qu'en rétablissant la Vraie Conscience et avec elle, l'Harmonie qu'elle apporte, cela ferait une différence considérable... Probablement une différence suffisante pour que puisse se réaliser un état harmonieux et progressif: dans l'harmonie, pas dans la misère. C'est peut-être cela, le suprême miracle que le Divin essaye de réaliser: la séparation – un fait existant – et l'état de conscience de l'Unité.

(silence)

Ça, maintenant en tout cas, je sais... Le travail dans les autres états (même, même dans un physique subtil), c'est relativement un jeu d'enfant. La difficulté est ici.

(silence)

Alors on peut concevoir une amélioration, même une amélioration considérable, un état beaucoup plus harmonieux que celui qui existe. Celui qui existe... vraiment c'est un enfer; il n'y a que cette Possibilité qui fait que ce n'est pas un enfer. C'est parce que, derrière cet enfer, il y a cette Possibilité – qui est vivante, réelle, existante, que l'on peut toucher, dans laquelle on peut vivre –, autrement, c'est infernal... N'est-ce pas, on a l'impression que tous les états d'être ont été comme battus ensemble (tu sais, comme quand on fait une mayonnaise!), tous les états d'être comme cela, bien mélangés dans une grande confusion, alors naturellement l'«horrible chose» est supportable... à cause de tout le reste qui est là-

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dedans. Mais si on sépare... oh! (geste d'horreur) Qu'est-ce que tu as à dire, toi? Eh bien, cela veut dire qu'il faut que la conscience DU TOUT change. C'est toujours le même problème: quand TOUT l'ensemble aura progressé, changé de conscience, le «fait» matériel devrait devenir différent.

Cela paraît comme cela.

C'est cela.

Il n'y a pas moyen d'échapper, de diviser ça. Il faut que TOUT change.

L'individualité est seulement un moyen d'action pour la transformation du tout. Je comprends qu'ils aient dit qu'il fallait s'évader! Ça exige une telle transformation... c'est presque une éternité de temps.

Une fois qu'on est sorti, on est sorti, mais tout le temps que l'on a mis à...

On ne peut pas transformer «un» sans transformer tout! Oui, c'est cela. C'est cela.

C'est-à-dire que «un» accélère la transformation du tout. Oui.

Alors ça, c'est le grand surrender: «C'est comme ça, c'est comme ça»... C'est effrayant. Et c'est pour cela qu'il y a des gens qui s'échappent (même si c'est inutile, parce qu'ils auront à revenir). C'est pour se reposer! (Mère rit) Il est de toute évidence que si ce n'était pas insupportable, ça ne changerait jamais. Et si c'est insupportable, eh bien... vraiment ça vous donne envie de vous sauver – c'est impossible, n'est-ce pas, c'est leur sottise de croire que l'on peut sortir de ça: ce n'est pas possible. Seulement, pour un temps... on se repose. C'est abandonner le travail. Ça retarde le résultat.

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Et pourtant... pourtant on a l'impression que si, par quelque miracle, UN individu arrivait à physiquement se supramentaliser, ce serait un tel exemple pour le reste du monde que... Je ne sais pas, ça le bouleverserait.

Mais cela, ce serait tout de même partiel.

Oui, mais ça saisirait tellement les consciences...

Ce ne serait pas général, ce ne pourrait être que partiel. Mais ce SERA. Ça fait partie du Plan. Mais la perfection d'UNE réalisation dépend d'une réalisation totale. Il peut y avoir une certaine «quantité» de réalisation, c'est incontestable – justement, c'est ce que réalisera la race supramentale, c'est évident. C'est évident. Mais je veux dire que si, maintenant, par quelque miracle, UN devenait lumineusement vrai, ce serait un tel saisissement pour le reste de l'humanité que cela la retournerait sur le chemin de la Vérité – UN exemple.

Mais oui. Mais ça...

(silence)

Espérons-le!

(silence)

Ça, c'est la vraie soumission... oh!...

(longue contemplation)

Peut-être le miracle de la vraie soumission?... («soumission», ce n'est pas cela; ce n'est même pas surrender : c'est quelque chose comme une acceptation, qui est en même temps l'annulation de toute séparation). Ça, parfait... peut-être. C'est à voir.

Voilà.

Alors, la prochaine fois, c'est ta fête: une nouvelle naissance.

(silence)

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Puisque tu l'as conçu... c'est que tu dois essayer de le faire. »

Questionnement : être corps dans le monde

Il y a-t-il un seul organisme vivant qui soit capable de se perfectionner indéfiniment? Même ces arbres royaux qui peuvent vivre et continuer de grandir et de se renforcer plus de mille ans durant et parfois plus longtemps s‟il ne se produit aucune interférence majeure, ne peuvent constituer un exemple de perfectionnement au sein de l‟ensemble : s‟ils augmentent leurs taille et envergure et ensemencent des forêts entières, ni leur complexité ni leur adaptabilité ne se développent. Qu‟en est-il des cristaux qui croissent silencieusement au sein secret de la roche pendant des millions d‟années? Ne trouve-t-on pas cependant, intrinsèque à toute forme matérielle – à toute forme née de la matière – et l‟animant, un élan vers la perfection de soi ? Que ce soit une montagne, une goutte d‟eau, un gymnaste ou un cambrioleur, toute existence matérielle – toute existence issue de la matière-même – aspire et se tend vers sa propre perfection. La prairie tout entière, et chacun de ses brins d‟herbe et de ses boutons d‟or, sont animés par l‟élan vers leur parfaite expression, la vérité de leur propre nature.

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Mais il s‟agit d‟une perfection qui, dans les conditions requises, peut naturellement être atteinte et dont le modèle est déjà inscrit, non d‟un perfectionnement indéfini qui serait une découverte et un devenir sans précédent. Jusqu‟à présent dans le monde naturel de la Terre, la perfection de chaque forme vivante représente l‟apogée de son existence, qui est suivie de son déclin : la forme dépérit et se dissout. Dans l‟évolution terrestre, avec la mobilité de la forme vivante, les relations au sein de l‟environnement sont devenues de plus en plus diverses et complexes. La relative autonomie de la forme individuelle s‟est particulièrement développée pour le corps humain au cours des âges, grâce à l‟intervention successive de plans et d‟états de conscience - la matière vivante s‟adaptant graduellement à ces nouvelles facultés subtiles en affinant et distribuant les tâches à de nouvelles associations et activités cellulaires.

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Des formes premières aux corps composés : le passage de l‟aura et de l‟impression à la forme achevée est à la fois fermeture, séparation et ouverture, accession. De cet instant, le temps et l‟espace se mesurent l‟un l‟autre ; de ce seuil et de cet instant naissent l‟interne et l‟externe, le dedans et le dehors ; de ce seuil et de cet instant naissent les relations, toutes les relations.

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La forme complète d‟une perle de rosée, d‟un flocon de neige, d‟un grain de pollen, et même, si fugace fut-elle, d‟une étincelle, est irrémédiablement soumise aux lois de l‟ensemble qui régissent le monde matériel – ou le degré matériel de la manifestation. Le corps d‟une jonquille ou d‟un lys, d‟un chêne ou d‟un banyan, bien que rivé dans l‟espace, doit y répondre et s‟y adapter. Il y a opposition, il y a vulnérabilité, usure, érosion, domination, il y a culture des ressources. Puis les corps s‟apprêtent à s‟élancer dans l‟espace et s‟y aventurer, l‟explorer et s‟y adapter : la belette et le serpent, l‟aigle et l‟éléphant, l‟abeille, la raie, l‟anguille et le dauphin, la libellule et le rhinocéros et le loup, le merle et le singe, tant et tant de modèles innombrablement sont composés à l‟épreuve de l‟espace et du temps. Aucun de ces corps, cependant, ne peut durer plus que son temps. Aucun corps animal, si perfectionné et si capable fut-il, n‟a pu développer des facultés de préservation et de renouvellement indéfinis.

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Chez certaines espèces, particulièrement les mammifères, un commencement d‟individualisation se précise, par des variations morphologiques et physionomiques individuelles et par la

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formation de caractéristiques vitales particulières en chaque membre de l‟espèce. L‟accroissement et la diversification des possibilités de réponse et d‟expression de chaque forme individuelle, en relation à l‟ensemble et au milieu commun, frayent le chemin de sa destinée. Le corps humain se tient debout, du ciel à la terre et de la terre au ciel et peut faire face à toutes les directions ; ses membres peuvent atteindre et tenir, pousser et frapper. Toutefois, son autonomie demeure conditionnelle et sa préservation dépend d‟un apport constant d‟énergie qu‟il doit puiser “à l‟extérieur”; dans son cas comme dans celui des mammifères, un ensemble d‟organes spécialisés et complémentaires se sont développés pour effectuer la transformation et le filtrage des substances ingérées afin de substanter à tous ses besoins énergétiques. C‟est au-dehors, donc, que le corps humain doit identifier et se saisir des éléments qui peuvent le mieux le nourrir, comme c‟est du dehors qu‟il doit également se protéger.

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Des forces subtiles des plans d‟existence adjacents alors commencèrent de s‟intéresser à ce véhicule et à s‟y investir, établissant peu à peu des correspondances avec des organes et des foyers d‟activité cellulaire, stimulant leurs réponses et cultivant les sensations, approfondissant les impulsions et

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développant l‟éventail expérientiel dans l‟espace et le temps et la multitude croissante des relations avec l‟environnement et ses éléments perceptibles. Ces forces, si elles ne pouvaient le nourrir directement, pouvaient augmenter, affermir, fortifier la stature du corps humain et sa préhension de sa réalité individuelle comme de celle de l‟ensemble.

Parce que, tu comprends, c'est sérieux: si pour que le monde existe tel qu'il est, il faut qu'il soit réellement séparé, et que d'être réellement séparé est la cause de toute la misère, alors...

L‟agression et la fuite, le besoin et la peur, se chargèrent de nouvelles intensités. Le risque, le danger, la découverte du monde et de ses créatures, de ses rythmes et ses opposés, composaient une existence riche de contrastes et de diversité qui, avec l‟apprentissage du relationnel, éprouvait les premières impressions d‟un vaste mystère. Les émotions, d‟abord amplifiées, se nuançaient et les comportements individuels acquerraient une dimension nouvelle d‟expérience.

Puis d‟autres forces d‟autres plans de conscience s‟intéressèrent à ce terrain qui leur sembla propice à une tentative de manifestation matérielle de leurs pouvoirs et facultés natifs.

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A force de répétition, des passages et des connexions s‟aménagèrent dans l‟organisme, mobilisant et instruisant des agrégats et groupements cellulaires. L‟observation, la comparaison, la déduction, la mémoire, la mesure et l‟évaluation s‟intégrèrent dans la vie du corps et, dans son sommeil, les rêves vinrent semer d‟autres possibles. Un élan de progrès et une capacité de réflexion se mirent à influer et agir et, en présence d‟un éventail grandissant de variations, le sens de la personne naquit.

Une fois ces rudiments devenus fonctionnels, des forces de plans de conscience plus élevés purent peu à peu à leur tour s‟y exprimer et y développer de nouveaux champs opérationnels.

Ces corps humains devenus des êtres complexes dotés d‟une capacité de réflexion et de choix, animés d‟élans encore incompréhensibles mais irrésistibles, mus à essayer et tenter et risquer et apprendre et transmettre, à contrôler et à dominer ou apprivoiser leur environnement, découvrirent d‟autres approches de la multitude d‟états de la matière. Ils étudièrent, par une attention aiguisée, les caractéristiques de toutes les formes et de tous les états rencontrés afin de les reconnaître et d‟y identifier ce qui pouvait leur être utile ou nuisible.

Alors naquit l‟objet.

Ce furent d‟abord une pierre acérée, un roseau percé, une liane nouée.

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Ces corps organiques apprirent à extraire de la matière accessible ce dont ils pourraient faire usage : d‟un autre corps organique mis à mort, corps animal vaincu par la force ou la ruse, tant d‟usages pouvaient être cultivés, le sang, la chair, le lait, les viscères, le crâne, les ongles et les os, la peau et la fourrure serviraient leurs besoins ; d‟un état végétal ou minéral aussi, pouvaient être façonnés des outils et des matériaux, pour s‟abriter, se protéger, ériger et défendre leur foyer. Avec la croissance expérientielle de la pensée, davantage d‟objets furent conçus par ces corps humains en cours d‟individualisation, afin de pallier à leur propre vulnérabilité : corps fragiles exposés à tant d‟aléas incontrôlables et imprévisibles jusqu‟à ce que la mort finalement les frappe ou subrepticement les atteigne. La pensée et la cultivation de facultés naissantes leur ouvraient l‟accès à des espaces d‟expérience subtils qui suscitaient alors la facture d‟objets symboliques, de jalons matérialisés, de bornes et de marques, mais aussi d‟instruments d‟expression.

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… Que le Seigneur prenne possession de Son domaine…

… Que s‟incarne une plus grande Conscience, que s‟incarne plus de conscience…

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Où en sommes-nous ?

La surpopulation… : les calculs sont faits, pour déterminer quelle serait la surface investie par l‟entière population humaine de la Terre une fois rassemblée, en incluant un espace vital moyen pour chaque corps - et un seul des Etats-Unis d‟Amérique suffirait. Mais ces calculs omettent notre immense désordre, ce désordre que nous avons partout répandu : le nombre et la variété des objets qu‟un seul être humain peut accumuler, acquérir, accaparer, posséder et céder ou jeter est sans commune mesure avec le volume de son corps. Aujourd‟hui, la Terre est jonchée d‟une masse incalculable d‟objets séparés, qui ne répondent plus à aucune volonté ; même son atmosphère est semée de milliers de morceaux abandonnés et de machines usées qui continuent d‟orbiter par inertie autour d‟elle. Alors nos sciences s‟efforcent d‟affiner leur approche de l‟intelligence artificielle comme moyen réparateur afin de contrôler les objets robotisés qu‟elle permettra de fabriquer en les équipant aussi de mécanismes autodestructeurs.

Mais c‟est la communication directe avec l‟ensemble, la réalisation consciente de l‟ensemble et de ses flux qu‟il nous faut trouver et par laquelle il nous faut devenir plus grands et plus vrais.

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Il y a deux séparations qui doivent être conquises : la séparation des consciences individuelles entre elles comme entre chacune d‟elles et l‟ensemble, et la séparation entre chaque conscience et sa source véritable et permanente.

Lorsque Douce Mère commença à travailler intensivement dans son propre corps pour y éveiller la conscience de la Présence et l‟ouvrir à la force de vérité, quelques-uns de Ses disciples, presque à Son insu, construisirent pour Elle un nouvel appartement sur la terrasse du bâtiment central de l‟Ashram, qu‟ils aménagèrent un peu comme une cabine d‟un vaisseau de croisière et, derrière une cloison de bois se trouvait un petit cabinet de toilette bien équipé, où Elle disposait Ses flacons divers et les choses nécessaires et sur une tablette encastrée près du siège il y avait même de quoi écrire et prendre des notes. il y avait juste la place de se retourner, mais un jour Elle glissa et se retrouva sur le sol, momentanément ahurie : Son corps protesta, non de la chute ou de l‟inconfort, mais du désordre et de la confusion dans les relations – il s‟était produit une désharmonie entre les éléments d‟un ensemble, et les molécules des fioles de verre, de l‟étagère, de la porcelaine du bassin, de Ses jambes ou de Sa main qui se retenait à la table étaient ensemble dérangées, comme une absurdité communément affligeante, dont il fallait se secouer.

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Car plus Elle avançait dans le travail et plus Elle entrait dans un continuum, où la Présence était la Vie – où tout vivait de la Présence. Le corps de Douce Mère, lui-même de plus en plus conscient de cette immuable réalité, devenait simultanément de plus en plus perméable aux autres corps et identifié à eux et capable de leur transmettre la force et l‟harmonie ; et pourtant, en ce qui le concernait directement et particulièrement, cette harmonie de vérité vaste et puissante et omnisciente ne semblait pas pouvoir l‟aider.

Douce Mère était toute Shakti.

Il n„y avait plus nulle part en Elle une seule once d‟inertie.

Le corps de Douce Mère était devenu un site irradiant de puissance nouvelle encore inconnue de la Terre. Et pourtant l‟apparence demeurait celle d‟un corps amenuisé, qui subissait de manière accélérée les dommages d‟un vieillissement acharné. La conscience même de Son corps était de plus en plus constamment unie à un Etat souverain dans lequel la matière ne connaissait plus ni barrières ni distances. Mais son apparence la plus concrète et matérielle était celle d‟une dégradation très rapide et comme inexorable - et la lutte qu‟Elle menait contre toute la résistance atavique de l‟espèce n‟en était que plus bouleversante et porteuse d‟un autre avenir pour la Terre.

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Ainsi le corps de Douce Mère apprit-il à aborder la matière, toute la matière et tous ses corps et ses formations, par la Présence, depuis la Présence et l‟union qu‟elle rayonne, plutôt que depuis le statut que confère la séparation. C‟est la leçon que nous devons tous apprendre maintenant pour nous libérer de l‟aliénation, de la dépendance et du jugement de valeur.

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Nous ne sommes pas encore nés.

Nous sommes des animaux, nous sommes des humains, peut- être sommes-nous même des humains évolués, mais nous demeurons séparés. Nous ne sommes pas encore Ses enfants, Ses vaisseaux dans ce monde miraculeux, ce monde matériel que seule la Grâce peut effectivement gouverner.

Nous confondons fusion et union.

L‟indispensable séparation du commencement devient l‟obstacle à la réalisation de l‟unité vivante et progressive. Une réalisation spirituelle qui laisserait ce monde matériel non seulement inaccompli mais avili, défiguré et trahi, ne peut être ni la plus haute ni la plus vraie.

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Cette unité de demain n‟est pas un retour au magma fusionnel indifférencié, mais un passage au prochain degré de conscience de la manifestation, dont les avant-coureurs vont devenir capables d‟exister et d‟opérer matériellement dans un continuum de conscience et de présence qui leur enseignera concrètement les lois et les modes d‟une harmonie inclusivement progressive.

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Mais comment allons-nous sortir de ce présent gâchis, émerger à une perception réellement utile ?

Nos quotidiens sont articulés par autant de gestes pratiquement inévitables qui nous gardent liés à une condition de détérioration croissante de la réalité matérielle terrestre. Quelques-uns ici et là, afin de s‟extirper, de s‟extraire de ce piège omniprésent et de cesser d‟y contribuer, prônent par leurs actes un radical « retour à la nature » - un retranchement aussi absolu que possible des aménités de la « vie moderne ». Leur objectif est de se libérer entièrement de toute dépendance autre que de leur labeur et des bienfaits que la Nature voudra leur offrir pour leur subsistance.

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Il y a cinquante ans déjà, Douce Mère Se demandait si la Force de paix et d‟harmonie parviendrait à sauver la Terre – et il n‟était

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alors question que des conflits entre les nations et de l‟accélération des conséquences de la duplicité et du mensonge. Ces conséquences portent à présent sur l‟état physique de la Terre, l‟état de son corps.

La duplicité a bien des visages ; la malhonnêteté a bien des degrés. Dans la perspective de l‟être vrai, nous sommes tous, parfois ou souvent, malhonnêtes : lorsque nous ne faisons pas notre travail, ne nous acquittons pas de notre tâche aussi bien, exactement, scrupuleusement et soigneusement que nous le pouvons, avec autant de probité, d‟intégrité, de loyauté et de perfection dont nous sommes capables à l‟instant ; lorsque nous manquons à la droiture et la candeur dans nos relations ; lorsque nous ajoutons ou retranchons à l‟information attendue de nous ou lui prêtons intentionnellement un caractère ou une importance qui ne lui sont pas propres… Nombre de désastres qui surviennent à présent partout dans le monde sont en grande part les résultats de nos « négligences » : de nos malhonnêtetés. Offrir son travail, offrir son action, implique justement cette transparence désintéressée, ce souci constant de perfection, de précision, de fidélité.

Douce Mère était toujours en quête d‟instruments conscients, d‟hommes et de femmes activement engagés qui soient capables de se mettre entièrement, sans réserves ni préférences, au service de la Vérité.

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A mesure que le corps s‟ouvre à la Présence et se laisse imprégner directement par la conscience au lieu de demeurer l‟esclave et le terrain de l‟ego arbitraire, il aspire à être libéré des contingences.

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Ce que sera un corps supramental, un corps de l‟espèce nouvelle, ce que seront ses capacités, ses fonctions, ses possibilités, le corps présent l‟ignore encore. Mais il ressent, il éprouve, il aspire et se tourne vers un état corporel matériel presque accessible, qui semble se tenir comme à l‟orée d‟une brume dont nous sommes encore enveloppés.

Un corps intermédiaire ?

Dont il ressent et éprouve les possibilités comme si elles lui manquaient, comme si elles étaient légitimement siennes mais lui avaient été retirées, ou déniées – ou simplement promises de longue date, mais désormais imminentes et nécessaires.

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D‟abord et avant tout, il aspire à pouvoir continûment progresser – que le temps lui soit donné de consolider, d‟affermir, d‟approfondir, de pratiquer l‟union avec la conscience véritable, avec la Présence, d‟apprendre à exprimer, à manifester toujours plus fidèlement, exactement et nouvellement la réalité de la Présence dans le monde. Pour ce faire, il aspire premièrement à être libéré de la dépendance aux autres formes et organismes matériels pour sa propre subsistance, et à recevoir directement les énergies nécessaires au renouvellement et au progrès de son agrégat cellulaire. Ni les forces vitales ni les forces mentales n‟ont pu le libérer de la séparation. Elles l‟ont mitigée, agrémentée, affinée, diversifiée, complexifiée, elles ont multiplié son expérience sensorielle, elles l‟ont bel et bien « civilisée ».

Mais elle demeure.

Le corps sent et sait, d‟un savoir illogique, irrationnel, improbable, un savoir qui n‟a encore d‟autres preuves que sa propre foi, que la Conscience-Force qui descend immobile comme un glaive de lumière blanche, un axe infini le traversant avec toute la connaissance et tout l‟amour de tous les univers, peut le libérer – et le fera.

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Comment trouver, comment apprendre le nouveau processus ou procédé, comme on apprend une respiration ou parvient à identifier la connexion nerveuse à un petit mouvement musculaire jusqu‟alors ignoré ? Le corps pressent qu‟il ne s‟agit pas d‟intensive ascèse ou de spectaculaire réalisation de quelque pouvoir physique soi-disant «surhumain », mais plutôt d‟une accession directe et simple, essentielle, à une réalité matérielle et corporelle ouverte à l‟autre dimension, jusqu‟alors inaperçue, ou imperçue.

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Car nous devons trouver absolument ce processus physique qui nous délivrera de toute dépendance extérieure, quelle qu‟elle soit – mais pourquoi devons-nous le trouver, dans quel but, par quelle nécessité ?

En fait, cette nécessité ne « prend corps » qu‟une fois accompli un travail intérieur d‟unification, de libération et de transition : l‟unification de toutes les parts de la nature individuelle autour de l‟être psychique ; la libération de tout l‟être des atavismes, habitudes, besoins et désirs qui enchaînent la conscience au passé évolutif ; et la transition à la réalité de la conscience nouvelle.

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Or, pour que ce premier travail puisse s‟accomplir, il faut un environnement suffisamment harmonieux et compréhensif. C‟est pourtant ce même travail qui permettra à la conscience de vérité de s‟incarner, de se manifester déjà partiellement, pour le bien de tous.

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Aujourd’hui et demain

Aujourd‟hui l‟humanité entière commence à se débattre dans l‟étau d‟une impossibilité physique qui se resserre. Aujourd‟hui nous sommes tous et de tous côtés évidemment dépassés par la multiplication exponentielle des effets délétères de nos actions – dont nombreux apparaissent déjà irrémédiables et irréversibles. Ministres, ingénieurs ou fermiers, prêtres, médecins ou cuisiniers, pêcheurs ou camionneurs, commerçants ou éboueurs, philosophes, enseignants, artisans, nul n‟est capable de voir un chemin viable en avant. Nous poussons les recherches, pour défaire ou réparer les dommages, identifier des méthodes, techniques et approches alternatives, apprivoiser l‟infiniment petit, contrôler la matière, contrôler la nature, contrôler nos propres comportements – contrôler, enrayer, cet inéluctable destin, cette malédiction que nous avons-nous-mêmes entretenue et nourrie. Mais nous n‟osons, ni ne savons, nous tourner vers un autre Etat et vers une Conscience plus sûrs et plus vrais que ceux qui gouvernent encore notre nature. Nul d‟entre nous ne sait que faire.

Pourquoi ?

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Cette conscience de vérité qui attend d‟être invitée, prête à travailler ouvertement dans le monde, est exempte de tout jugement : elle comprend. Elle comprend tout ce qui a contribué à faire de nous ce que nous sommes, de chacun de nous et de chacune de nos actions ce qu‟ils sont : elle ne juge pas, elle sait et elle voit ce qui est nécessaire pour le bien de tout ce qui est.

Nous ne voyons pas.

Nous avons atteint les limites de nos capacités.

Cette conscience est libre, parce qu‟elle opère depuis l‟unité, tandis que nous demeurons prisonniers de la séparation et ne saisissons le monde qu‟au travers de nos découpages et nos assemblages incomplets.

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Comment se fait-il que nous ne saisissions pas au moins le sens de cette immensité consciente qui attend de tout réunir et de tout embrasser ? Parce que nous avons empli les trois dimensions de nos sécrétions, de nos émissions et de nos déchets ? Parce que nous voulons continuer de jouir séparément, quitte à ce que tout soit détruit, anéanti ?

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Prisonniers de la matière et séparés par la matière, exilés de l‟Un, cernés et comptés et veillés par la mort, nous n‟avons eu de cesse de créer des liens, des groupes, des ensembles, des multitudes de liens – qui ne peuvent jamais remplacer ce seul lien permanent de l‟unité. Aujourd‟hui, chacune de nos disciplines scientifiques ou intellectuelles donne une définition différente à la conscience, définition qui se trouve en flux dans le courant des avances, des progrès et des découvertes qui modifient ou bouleversent notre compréhension. Mais nous savons, sans mots, sans images ni drames quelconques que certains instants de nos vies ont été comme touchés par la Grâce, instants durant lesquels nous nous sommes oubliés et donnés à plus grand que nous-même, à l‟amour, à une communion dans l‟aspiration vers la beauté, l‟harmonie, la vérité, à une symbiose momentanée avec une source de perfection – ces instants où nous avons été « reliés » - réunis avec l‟unique Habitant infini des univers, avec une cohérence de tout ce qui est, avec un sourire de certitude.

C‟est là que chacun de nous puise le soutien et la force.

C‟est notre seule continuité.

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Mais qu‟est-ce, donc, que la conscience ?

Nous pouvons plus aisément désigner ce qu‟elle n‟est pas : ce n‟est pas une fonction, ni une partie de notre être ou de notre nature, ce n‟est pas un instrument et ce n‟est pas non plus un phénomène observable ; ce n‟est pas une activité de notre cerveau ; ce n‟est ni notre bien personnel ni celui d‟autrui ; en y regardant bien, on ne peut pas vraiment la dissocier de l‟existence ni, en fait, de quelque chose comme la joie ou la plénitude – bien que notre expérience en soit limitée à quelques secondes fugaces parsemées dans le cours de nos vies. S‟il nous arrive parfois, soit de manière inattendue ou apparemment accidentelle, soit à la faveur d‟une intensité de concentration de tout l‟être, de la percevoir, son actualité, sa présence et sa proximité néanmoins ne dépendent ni ne résultent d‟aucun effort instrumental ni d‟aucune activité mentale, émotionnelle ou physique.

Et pourtant, sans elle, nous ne sommes pas.

Cette inaptitude qui est la nôtre à situer ou affirmer la réalité de la conscience est en fait l‟indice exact de notre séparation – nous sommes séparés de ce continuum qui informe tout ce qui est.

Nous utilisons cependant ce terme à différentes occasions pour désigner « quelque chose » que notre intelligence ne peut définir : « en notre âme et conscience », pour indiquer une

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certaine profondeur de choix ou d‟engagement ou d‟intégrité ; « il est conscient, docteur », pour signaler que le fils est sorti du coma ; « je suis conscient de la confusion que ma conduite a pu causer », pour confirmer que je reconnais ma responsabilité ; « prendre conscience de certaines influences » pour se référer à un processus complexe de distanciation, d‟observation, de discernement et d‟évaluation ; « revenir à la conscience de veille », pour distinguer de celle des rêves dans le sommeil du corps et décrire le fait du retour à l‟état commun de présence au monde physique et matériel… Mais nul n‟est en mesure d‟expliquer exactement, scientifiquement ou intellectuellement, de quoi il s‟agit.

C‟est ainsi notre seul trésor !

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Le 1er Janvier de chaque année, à l‟aube, Douce Mère diffusait un message qui tentait de résumer le progrès à faire et d‟y convier les consciences individuelles comme la conscience collective. Ainsi, le 1er Janvier 1973, Douce Mère donna Son dernier message de bonne année : « Quand vous devenez conscient du monde tout entier en même temps, alors vous êtes capable d‟être conscient du Divin »

Dans Son expérience, ceci représentait désormais une réalisation accessible – et un pas formidable et entièrement nouveau, le

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premier pas dans la nouvelle conscience et le nouvel Etat de la manifestation. La double victoire sur la double séparation était remportée: l‟accession au continuum de la conscience (la transcendance, l‟universalité et l‟immanence à la fois, ici, sur la Terre et dans le corps).

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Et tandis même que s‟exprimaient les premiers balbutiements de ce passage évolutif en 1973, dans un corps humain et une conscience physique humaine, s‟énonçaient les premières mises en garde : si l‟humanité poursuivait la route de développement matériel sur laquelle elle s‟était engagée, la nature terrestre tout entière en souffrirait et finirait par se révolter. Des scientifiques de diverses disciplines, réunissant leurs observations, établirent un rapport compréhensif démontrant les conséquences écologiques du type de croissance que l‟humanité avait adopté et indiquèrent les mesures qui devaient être prises par tous les gouvernements de la Terre avant la fin du millénaire pour éviter les catastrophes et réorienter le progrès humain sur un chemin durable et harmonieux pour toute la vie terrestre. Près de cinquante années se sont écoulées, et les gouvernements de la Terre rechignent toujours à la tâche, alors même que la dégradation du milieu terrestre vivant a déjà atteint un stade irréversible.

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Mais en quoi cette avance évolutive d‟un seul individu, ou même de quelques individus, concerne-t-elle la grande majorité de l‟espèce humaine, quels effets cela pourrait-il avoir sur sa condition et quelle sorte de relations pourrait-elle entretenir avec ce nouvel état de conscience et ses représentants ?

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Durant les cinquante dernières années, il est évident pour tous que l‟évolution terrestre a changé de caractère.

L‟on pourrait résumer quatre développements ou déroulements simultanés pour définir son caractère extérieur.

La prolifération explosive de l‟espèce humaine.

Le règne des applications techniques et technologiques de nouvelles découvertes scientifiques et l‟accès d‟une majorité croissante d‟êtres humains à un mode de consommation matériel devenu synonyme de bien-être. La communication de plus en plus directe et constante de toutes les parties de la Terre entre elles.

La ruine et la dégradation de l‟écosystème terrestre.

Mais intérieurement, ou en ce qui concerne le développement de la personne humaine, comment la qualifier ?

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L‟on peut distinguer tout d‟abord deux développements parallèles et opposés. Le premier est celui d‟une synthèse, d‟un épanouissement, d‟une universalisation, avec la délivrance des carcans du passé et la rencontre de soi dans une infinie diversité d‟expériences et d‟expressions. Le second est celui d‟un apparent formidable progrès de compréhension du monde organique, physique et matériel mis au service d‟une amélioration généralisée des conditions de vie et résultant dans l‟amplification démesurée des pratiques d‟exploitation et de profit immédiats au détriment de l‟équilibre terrestre naturel. Le premier est un mouvement d‟intégration toujours plus compréhensif, plus riche et plus attentif à la diversité comme à la vérité de toute expérience, qui élève et grandit la stature humaine en la libérant de ses peurs, de ses rigidités, barrières et limitations et s‟ouvre à la possibilité concrète de la fraternité. Le second mouvement est animé par des tendances qui, dans leurs poursuites séparées, deviennent souvent contradictoires : la quête de l‟autonomie et de l‟affranchissement des servitudes ; la quête de la prospérité ; la quête du pouvoir sur la matière et les circonstances ; la quête de la permanence ; la quête des secrets de la création ; la quête de la jouissance ; la quête de l‟harmonie sociale inclusive et d‟une égalité minimale pour tous; la quête de la santé, de l‟immunité, de l‟invincibilité, de la maîtrise corporelle et de la prolongation à volonté de l‟existence physique individuelle ; la quête d‟outils et d‟instruments capables d‟une intelligence illimitée aux services des besoins de l‟être humain ; la

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quête de capacités surhumaines ; la quête d‟explorations et de conquêtes nouvelles…

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Si l‟évolution terrestre semble aujourd‟hui se ruer au désastre, n‟est-ce pas faute d‟une quête primordiale, essentielle et prioritaire de la part de l‟espèce dominante, la quête du Vrai ? Cette quête irremplaçable, qui demeure encore l‟otage et la prisonnière du conflit entre la religion et le libre-arbitre, seule peut garantir l‟intégrité des développements extérieurs : sans elle, tout se vaut et les gains rapides prévalent et l‟ombre de la destruction s‟accroît.

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Comment sommes-nous ici ?

Par quel miracle, par quelle magie ?

Le temps est venu de reconnaître la Conscience, de reconnaître l‟Un.

« L’homme est un pont étroit, un appel qui croît,

Son âme le timide bouton de la rose de Dieu… »

(Sri Aurobindo)

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Il n‟y a pas d‟autre explication, rationnelle, infra ou supra rationnelle, qui tienne la route : ce germe de vie dans l‟infinité, cet apprentissage éonien, ce chemin qui se fraye vaille que vaille pour une incarnation et une manifestation consciente de l‟Un, tel est notre destin véritable, notre cause et notre but.

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Pris au piège de la séparation, nous ne savons toujours pas comment franchir le seuil d‟un insoluble conflit entre ce qui est objectif et ce qui est subjectif. Notre constat et notre observation de la réalité matérielle objective, que ce soit celle des galaxies, d‟un grain de riz, d‟une trachée, d‟un embryon, d‟une stalactite ou d‟une cathédrale, nous convainquent d‟une infinie cohérence impersonnelle à laquelle nous ne participons incompréhensiblement que pour quelques instants. Notre expérience subjective interne de notre séjour dans cette réalité matérielle nous expose à une échelle presque infinie de questions, de besoins, de perceptions et de sentiments que nous peinons à rendre significatifs jusqu‟à notre dernier souffle. Notre préhension de la matière, depuis la chaleur du corps, la dureté du caillou, la vivante solidité du tronc d‟arbre, l‟odeur de la fange ou celle de la pluie dans le vent, jusqu‟à la vue de la sphère bleutée de la terre dans l‟espace illimité, comme notre appréhension d‟un dieu jaloux et dominateur, de domaines

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supérieurs exclusifs et de puissantes entités rivales jusqu‟à la conception d‟un être suprême inconnaissable, dans leurs évolutions jumelles, nous ont accompagnés jusqu‟à ce point de passage. A présent, nous sommes confrontés, si outillés, intelligents et cultivés soyons-nous, à une réalité si incommensurable, si complexe et si indifférente à nos discours comme à nos représentations les plus brillantes, que tous nos concepts, qu‟ils soient religieux, philosophiques, sociopolitiques, technologiques ou scientifiques sont éventuellement voués au ridicule et à l‟insignifiance. Pourtant, l‟indéracinable certitude demeure en chacun de nous, que ceci, tout ceci, et notre existence-même dans la poussière des étoiles, ne peut être le fait d‟un accident – il y a un sens, il y a une évolution, il y a un devenir, une plénitude à atteindre… Mais comment, même munis des engins les plus sophistiqués et performants, pourrons-nous jamais nous unir à ce sens et nous y accomplir ? Ne resterons-nous pas séparés, quoi qu‟il arrive, réduits à des stratagèmes de l‟intelligence et par eux réduits à l‟impasse – à la défaite de la Vie ?

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Nos civilisations se sont obstinées à projeter sur l‟univers, ou sur sa source éventuelle invisible, une forme ou une autre, un dessein ou un autre, puisant pour ce faire à notre expérience subjective.

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