Savitri - Book Two - Canto 8
B OOK T WO – C ANTO 8 – T HE W ORLD OF F ALSEHOOD , THE M OTHER OF E VIL AND THE S ONS OF D ARKNESS L IVRE D EUX – C HANTE 8 – L E M ONDE DU M ENSONGE , LA M ERE DU M AL ET LES F ILS DES T ENEBRES
SAVITRI S RI A UROBINDO
French translation by: Divakar Jeanson www.divakar-publications.com
BOOK TWO - The Book of the Traveller of the Worlds
LIVRE DEUX – Le Livre du Voyageur des Mondes
Canto Eight - The World of Falsehood, the Mother of Evil and the Sons of Darkness
Chant Huit – Le Monde du Mensonge, la Mère du Mal et les Fils des Ténèbres
Then could he see the hidden heart of Night: The labour of its stark unconsciousness Revealed the endless terrible Inane. A spiritless blank Infinity was there; A Nature that denied the eternal Truth In the vain braggart freedom of its thought Hoped to abolish God and reign alone. There was no sovereign Guest, no witness Light; Unhelped it would create its own bleak world. Its large blind eyes looked out on demon acts, Its deaf ears heard the untruth its dumb lips spoke; Its huge misguided fancy took vast shapes, Its mindless sentience quivered with fierce conceits; The Anarchs of the formless depths arose, Great Titan beings and demoniac powers, World-egos racked with lust and thought and will, Vast minds and lives without a spirit within: Impatient architects of error's house, Leaders of the cosmic ignorance and unrest And sponsors of sorrow and mortality Embodied the dark Ideas of the Abyss. A shadow substance into emptiness came, Dim forms were born in the unthinking Void And eddies met and made an adverse Space In whose black folds Being imagined Hell. Engendering a brute principle of life Evil and pain begot a monstrous soul.
Alors put-il voir le coeur caché de la Nuit. Le labeur de son inconscience absolue Révéla l’Inanité, terrible, perpétuelle. Une Infinité nulle, sans esprit, était là ; Une Nature qui niait la Vérité Dans sa vaine vantardise de libre pensée Espérait abolir Dieu et seule régner. Sans Hôte souverain, sans Lumière témoin, Sans aide elle voulait créer son monde insensé. Ses grands yeux aveugles contemplaient des horreurs, Sourde et muette elle entendait ses lèvres mentir ; Sa sombre fantaisie prenait de vastes aspects, Inepte elle tremblait de violentes ambitions ; Engendrant un principe grossier d’existence, Le mal et la douleur conçurent un monstre. Des fonds informes les Anarques surgirent, Grands êtres titaniques et pouvoirs infernaux, Vastes ego torturés de vouloir et d’envie, Enormes entités sans personne au-dedans : Impatients architectes du logis de l’erreur, Meneurs de l’ignorance et du trouble cosmiques Et garants du malheur et de la mortalité Donnaient corps aux obscures Idées de l’Abysse. Une ombre de substance pénétra cette absence, Des formes imprécises naquirent dans le Vide Et ces remous composèrent un Espace adverse : Dans ses replis l’Etre imagina l’Enfer.
His eyes piercing the triple-plated gloom Identified their sight with its blind stare: Accustomed to the unnatural dark, they saw Unreality made real and conscious Night. A violent, fierce and formidable world, An ancient womb of huge calamitous dreams, Coiled like a larva in the obscurity That keeps it from the spear-points of Heaven's stars. An immense negation of spiritual things. All once self-luminous in the spirit's sphere Turned now into their own dark contraries: Being collapsed into a pointless void That yet was a zero parent of the worlds; Inconscience swallowing up the cosmic Mind Produced a universe from its lethal sleep; Bliss into black coma fallen, insensible, Coiled back to itself and God's eternal joy Through a false poignant figure of grief and pain Still dolorously nailed upon a cross Fixed in the soil of a dumb insentient world Where birth was a pang and death an agony, Lest all too soon should change again to bliss. It was the gate of a false Infinite, An eternity of disastrous absolutes,
Ses yeux, perçant la triple armure de l’ombre, S’identifièrent à ce regard fixe d’aveugle ; S’accoutumant à l’étrange ténèbre ils virent L’Irréel devenu Nuit, consciente et réelle. Un monde formidablement violent et brutal, Une ancienne matrice de songes désastreux, Se lovait comme une larve dans l’obscurité Qui la protège des lances des hautes étoiles. Une immense négation des choses spirituelles. Autrefois radieux dans la sphère de l’esprit, Tous se changèrent en leurs propres contraires. L’être s’effondra dans un vide insensé Dont le zéro pourtant engendrait les mondes ; L’inconscience, engouffrant le Mental cosmique, De son sommeil létal produisit un univers ; La félicité, tombée dans un coma noir, S’enroula sur elle-même et sur la joie de Dieu - A travers une figure faussement poignante Encore douloureusement clouée sur sa croix Fixée dans le sol d’un monde borné, Où naître était supplice et mourir agonie, - De crainte que tout trop tôt ne retourne au bonheur. La Pensée, prêtresse de la Perversité Sur son trépied du Serpent à trois têtes, déchiffrait L’écriture éternelle par des signes inverses, Une sorcière retournant le cadre divin. Des yeux malfaisants éclairant l’ombre des allées Et des voix fatales psalmodiant depuis l’abside, En d’étranges basiliques démoniaques C’était l’entrée d’une fausse Infinité, Une éternité d’absolus calamiteux,
Thought sat, a priestess of Perversity, On her black tripod of the triune Snake Reading by opposite signs the eternal script, A sorceress reversing life's God-frame. In darkling aisles with evil eyes for lamps And fatal voices chanting from the apse, In strange infernal dim basilicas
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Intoning the magic of the unholy Word, The ominous profound Initiate Performed the ritual of her Mysteries. There suffering was Nature's daily food Alluring to the anguished heart and flesh, And torture was the formula of delight, Pain mimicked the celestial ecstasy. There Good, a faithless gardener of God, Watered with virtue the world's upas-tree And, careful of the outward word and act, Engrafted his hypocrite blooms on native ill. All high things served their nether opposite: The forms of Gods sustained a demon cult; Heaven's face became a mask and snare of Hell. Sitting on Death who swallows all things born. A chill fixed face with dire and motionless eyes, Her dreadful trident in her shadowy hand Outstretched, she pierced all creatures with one fate. When nothing was save Matter without soul And a spiritless hollow was the heart of Time, Then Life first touched the insensible Abyss; Awaking the stark Void to hope and grief Her pallid beam smote the unfathomed Night In which God hid himself from his own view. In all things she sought their slumbering mystic truth, The unspoken Word that inspires unconscious forms; She groped in his deeps for an invisible Law, There in the heart of vain phenomenon, In an enormous action's writhen core He saw a Shape illimitable and vague
Entonnant la magie de la Parole impie, La profonde et redoutable Initiée Conduisait le rituel de ses Mystères. La souffrance était là le repas quotidien Convoité par la chair et le cœur tourmentés, Et la torture était la formule du plaisir, Et la douleur parodiait l’extase céleste. Le Bien, un jardinier infidèle du Divin, Arrosait de vertu l’arbre de l’univers Et, soucieux de l’acte et la parole extérieurs, Greffait sur un mal établi ses fleurs hypocrites. Les choses élevées servaient leurs opposés : Les formes des Dieux soutenaient un culte infernal ; La face du Ciel masquait le piège de l’Enfer. Et là, au cœur même de ce vain phénomène, Au centre convulsé d’une action formidable, Il vit une Forme vague, illimitable, assise Sur la Mort qui engouffre tout ce qui naît. Un visage glacé aux yeux sinistres, figés, Tenant dans sa main son effroyable trident, Elle perçait tous les êtres d’un même destin. Quand il n’y avait rien que la Matière sans âme Et un creux sans esprit était le cœur du Temps, La Vie alors toucha l’Abysse insensible ; Eveillant le Vide à l’espérance et au chagrin, Son rayon blême frappa la Nuit insondée Où Dieu Se cachait Lui-même à Sa propre vue. Partout elle chercha la vérité endormie, Le Verbe qui inspire les formes inconscientes ; Au fond de tout elle chercha une Loi cachée,
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Fumbled in the dim subconscient for his mind And strove to find a way for spirit to be.
Dans le subconscient elle chercha l’Intelligence ; Elle chercha un chemin pour qu’existe l’esprit.
But from the Night another answer came. A seed was in that nether matrix cast, A dumb unprobed husk of perverted truth, A cell of an insentient infinite. A monstrous birth prepared its cosmic form
Mais de la Nuit vint une autre réponse. Une graine dans cette matrice fut jetée, Cosse trompeuse de vérité pervertie, Une cellule d’un infini insensé.
Une naissance mauvaise prépara sa forme Dans l’embryon titanique de l’Ignorance. Alors, en une heure stupéfiante et fatale, Quelque chose qui jaillit du sommeil inconscient, Engendré sans le vouloir par le Vide muet, Dressa contre les étoiles sa tête sinistre, Ombrant la terre de son énorme corps, La menace d’un visage glaçant les cieux. Un Pouvoir innommable, un sombre Vouloir Se leva, mmense, étranger à notre univers. Dans le Dessein divin que nul ne peut évaluer Un vaste Non Etre s’enroba d’une forme, La Nescience illimitée des fonds inconscients Recouvrit l’éternité avec le néant. Un Mental en quête remplaça l’Ame voyante : La Vie devint une énorme mort affamée, Et la béatitude une douleur cosmique. Assurant la neutralité même du Suprême Une opposition puissante conquit l’Espace. Régnant sur le mensonge, la mort et la peine, Elle pressa sur la terre son hégémonie ; Désharmonisant le style originel De l’architecture et du plan de son destin,
In Nature's titan embryo, Ignorance. Then in a fatal and stupendous hour Something that sprang from the stark Inconscient's sleep
Unwillingly begotten by the mute Void, Lifted its ominous head against the stars;
Overshadowing earth with its huge body of Doom It chilled the heavens with the menace of a face. A nameless Power, a shadowy Will arose Immense and alien to our universe. In the inconceivable Purpose none can gauge A vast Non-Being robed itself with shape, The boundless Nescience of the unconscious depths Covered eternity with nothingness. A seeking Mind replaced the seeing Soul: Life grew into a huge and hungry death, The Spirit's bliss was changed to cosmic pain. A sovereign ruling falsehood, death and grief, It pressed its fierce hegemony on the earth; Disharmonising the original style Of the architecture of her fate's design, It falsified the primal cosmic Will And bound to struggle and dread vicissitudes Assuring God's self-cowled neutrality A mighty opposition conquered Space.
Elle falsifia la Volonté première Et lia à l’effort et aux vicissitudes
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The long slow process of the patient Power. Implanting error in the stuff of things It made an Ignorance of the all-wise Law; It baffled the sure touch of life's hid sense, Kept dumb the intuitive guide in Matter's sleep, Deformed the insect's instinct and the brute's, Disfigured man's thought-born humanity. A shadow fell across the simple Ray: Obscured was the Truth-light in the cavern heart That burns unwitnessed in the altar crypt Behind the still velamen's secrecy Companioning the Godhead of the shrine. Thus was the dire antagonist Energy born Who mimes the eternal Mother's mighty shape And mocks her luminous infinity With a grey distorted silhouette in the Night. Arresting the passion of the climbing soul, She forced on life a slow and faltering pace; Her hand's deflecting and retarding weight
Le long et lent progrès de la Force patiente. Implantant l’erreur dans la substance des choses, Elle fit de la Loi sage une Ignorance ; Elle frustra la sûreté des sens occultes, Fit taire le guide intuitif dans la Matière, Altéra l’instinct de l’insecte et de la brute, Défigura l’humanité de l’homme pensant. Une ombre s’abattit sur le simple Rayon : Obscurcie fut la Lumière au fond du cœur, Qui brûle sans témoin dans l’autel de la crypte Derrière le secret du velamen immobile, Accompagnant la Divinité du sanctuaire. Avec une affreuse silhouette dans la Nuit. Arrêtant la passion de l’âme ascendante, Elle força sur la vie un pas chancelant ; Le poids de sa main qui retarde et dévie Est posé sur la courbe évolutive mystique : La ligne tortueuse de son esprit trompeur Les Dieux ne voient pas, et l’homme est impuissant ; Oppressant l’étincelle divine dans l’âme Elle repousse à la bête la chute de l’homme. Pourtant, avec son instinct formidable, Elle sent l’Un grandir dans le cœur du Temps Et, dans le moule humain, voit briller l’Immortel. Alarmée pour son règne, pleine de peur et de rage, Elle rôde autour de chaque lampe dans le noir Ainsi naquit l’Energie antagoniste Qui mime la forme de la Mère éternelle Et moque Sa lumineuse infinité
Is laid on the mystic evolution's curve: The tortuous line of her deceiving mind The Gods see not and man is impotent; Oppressing the God-spark within the soul She forces back to the beast the human fall. Yet in her formidable instinctive mind She feels the One grow in the heart of Time And sees the Immortal shine through the human mould. Alarmed for her rule and full of fear and rage She prowls around each light that gleams through the dark
Casting its ray from the spirit's lonely tent, Hoping to enter with fierce stealthy tread
Qui jette son rayon de la tente de l’esprit, Espérant entrer d’un pas furtif et rapide
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And in the cradle slay the divine Child. Incalculable are her strength and ruse; Her touch is a fascination and a death; She kills her victim with his own delight; Even Good she makes a hook to drag to Hell. For her the world runs to its agony. Often the pilgrim on the Eternal's road Ill-lit from clouds by the pale moon of Mind, Or in devious byways wandering alone, Or lost in deserts where no path is seen, Falls overpowered by her lion leap, A conquered captive under her dreadful paws. Intoxicated by a burning breath And amorous grown of a destroying mouth, Once a companion of the sacred Fire, The mortal perishes to God and Light, An Adversary governs heart and brain, A Nature hostile to the Mother-Force. The self of life yields up its instruments To Titan and demoniac agencies That aggrandise earth-nature and disframe: A cowled fifth-columnist is now thought's guide; His subtle defeatist murmur slays the faith And, lodged in the breast or whispering from outside, A lying inspiration fell and dark
Et tuer dans le berceau le divin Enfant. Incalculables, son énergie et sa ruse, Son toucher est un sortilège et une mort ; Sa victime succombe par son propre plaisir ; Même avec le Bien elle entraîne à l’Enfer. Pour elle le monde court à son agonie. Souvent le pèlerin sur la route éternelle Mal éclairée par la lune embrumée du Mental, Ou errant seul sur des sentiers incertains, Ou perdu dans un désert sans chemin, Tombe sous le soudain assaut d’une lionne, Un captif conquis sous ses pattes redoutables. Alors, intoxiqué par un souffle brûlant Et séduit par une gueule destructrice, Jadis un compagnon de la Flamme sacrée, Le mortel périt à la Lumière et à Dieu ; Un Adversaire régit le cœur et le cerveau, Une Nature hostile à la Force de la Mère. L’être même de la vie cède ses instruments A des agences titaniques et démoniaques Qui agrandissent la nature hors de son cadre : Un traître encagoulé guide alors la pensée ; Son murmure défaitiste étrangle la foi Et, logé dans le sein ou chuchotant du dehors, Une inspiration mensongère et cruelle Substitue un nouvel ordre à l’ordre divin. Un silence s’abat sur les hauteurs de l’esprit, Du sanctuaire voilé le Dieu se retire, Vide et froide est la chambre de la Mariée ; Le Nimbe d’or n’est désormais plus visible, Le blanc rayon spirituel a cessé de brûler Et la Voix secrète s’est tue à jamais.
A new order substitutes for the divine. A silence falls upon the spirit's heights, From the veiled sanctuary the God retires, Empty and cold is the chamber of the Bride; The golden Nimbus now is seen no more, No longer burns the white spiritual ray And hushed for ever is the secret Voice.
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Then by the Angel of the Vigil Tower A name is struck from the recording book; A flame that sang in Heaven sinks quenched and mute; In ruin ends the epic of a soul.
Alors par l’Ange de la Tour de Garde Un nom est supprimé du grand registre ; Une flamme a sombré qui chanta au Ciel ; Dans la ruine s’achève l’épopée d’une âme. Ceci est la tragédie de la mort intérieure Quand est renoncé le divin élément Et ne vivent et meurent qu’un mental et un corps. Car l’Esprit autorise de terribles agences Et il y a d’énormes Pouvoirs subtils Qui s’abritent sous le couvert de l’Ignorance. Descendants de l’abysse, agents de la Force d’ombre, Haïssant la lumière, intolérants de la paix, Simulant pour la pensée l’Ami et le Guide, S’opposant dans le cœur à la Volonté divine, Ils voilent l’action de l’occulte Harmoniste. Des oracles de Sa sagesse, ils font nos liens ; Avec des clés de credo ils verrouillent Ses portes Et repoussent par la Loi Sa Grâce inlassable. Sur toutes les lignes, ils ont établi leurs postes Pour intercepter les caravanes du Jour ; Partout où les Dieux agissent, ils interviennent. Un joug est posé sur le cœur du monde, qui masque Ses battements de la Félicité supérieure, Et les périphéries du Mental étincelant Bloquent les entrées de la Flamme céleste. Toujours les sombres Aventuriers semblent gagner ; Ils instituent le mal partout dans la Nature, Changent en défaites les victoires du Vrai, Proclament impostures les lois éternelles Et plombent les dés du Sort par leurs tours de sorciers ; Ils ont usurpé les temples du monde et ses trônes.
This is the tragedy of the inner death When forfeited is the divine element And only a mind and body live to die.
For terrible agencies the Spirit allows And there are subtle and enormous Powers
That shield themselves with the covering Ignorance. Offspring of the gulfs, agents of the shadowy Force, Haters of light, intolerant of peace, Aping to the thought the shining Friend and Guide, Opposing in the heart the eternal Will, They veil the occult uplifting Harmonist. His wisdom's oracles are made our bonds; The doors of God they have locked with keys of creed And shut out by the Law his tireless Grace. Along all Nature's lines they have set their posts
And intercept the caravans of Light; Wherever the Gods act, they intervene. A yoke is laid upon the world's dim heart; Masked are its beats from the supernal Bliss, And the closed peripheries of brilliant Mind Block the fine entries of celestial Fire. Always the dark Adventurers seem to win;
Nature they fill with evil's institutes, Turn into defeats the victories of Truth, Proclaim as falsehoods the eternal laws, And load the dice of Doom with wizard lies; The world's shrines they have occupied, usurped its thrones.
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In scorn of the dwindling chances of the Gods They claim creation as their conquered fief And crown themselves the iron Lords of Time. Adepts of the illusion and the mask, The artificers of Nature's fall and pain Have built their altars of triumphant Night In the clay temple of terrestrial life. In the vacant precincts of the sacred Fire, In front of the reredos in the mystic rite Facing the dim velamen none can pierce, Intones his solemn hymn the mitred priest Invoking their dreadful presence in his breast: Attributing to them the awful Name He chants the syllables of the magic text And summons the unseen communion's act, While twixt the incense and the muttered prayer All the fierce bale with which the world is racked Is mixed in the foaming chalice of man's heart And poured to them like sacramental wine. Assuming names divine they guide and rule. Opponents of the Highest they have come Out of their world of soulless thought and power To serve by enmity the cosmic scheme. Night is their refuge and strategic base. Against the sword of Flame, the luminous Eye, Bastioned they live in massive forts of gloom, Calm and secure in sunless privacy: No wandering ray of Heaven can enter there. Armoured, protected by their lethal masks, As in a studio of creative Death The giant sons of Darkness sit and plan The drama of the earth, their tragic stage.
Méprisants des chances déclinantes des Dieux Ils réclament la création comme leur fief Et se couronnent les Seigneurs du Temps. Adeptes de l’illusion et du masque, Les arnaqueurs de la chute et de la douleur Ont bâti leurs autels de Nuit triomphante Dans le sanctuaire d’argile de la vie terrestre. Dans les enceintes vacantes du Feu sacré, Devant les retables du rite mystique Et l’obscur velamen que nul ne peut pénétrer, Psalmodie, solennel, le prêtre mitré, Invoquant dans son sein leur terrible présence : Leur attribuant le Nom redoutable Il récite les syllabes du texte magique Et somme à l’acte de la communion invisible, - Et, entre l’encens et la prière marmonnée, La brutale infortune qui torture le monde Se mêle au calice écumant du cœur de l’homme Et leur est versée comme un vin de sacrement. Prenant des noms divins ils guident et gouvernent. Opposants du Très-Haut ils sont venus De leur monde de pouvoir habile et sans âme Servir par l’inimitié le plan universel. La Nuit est leur refuge et leur base stratégique. Contre le glaive de Flamme, l’Oeil lumineux, Ils vivent retranchés dans leurs bastions de pénombre, Calmement abrités dans leur sombre intimité : Aucun rayon du Ciel ne peut y entrer.
Protégés par leurs armures et leurs masques, Comme dans un atelier de la Mort créative Les fils géants des Ténèbres préparent Le drame de la terre, leur scène tragique.
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All who would raise the fallen world must come Under the dangerous arches of their power; For even the radiant children of the gods To darken their privilege is and dreadful right. None can reach heaven who has not passed through hell. This too the traveller of the worlds must dare. A warrior in the dateless duel's strife, He entered into dumb despairing Night Challenging the darkness with his luminous soul. Ignorant like men born blind who know not light, They could equate worst ill with highest good, Virtue was to their eyes a face of sin And evil and misery were their natural state. A dire administration's penal code Making of grief and pain the common law, Decreeing universal joylessness Had changed life into a stoic sacrament And torture into a daily festival. An act was passed to chastise happiness; Laughter and pleasure were banned as deadly sins: A questionless mind was ranked as wise content, A dull heart's silent apathy as peace: Alarming with his steps the threshold gloom He came into a fierce and dolorous realm Peopled by souls who never had tasted bliss;
Qui veut relever le monde déchu doit venir Sous les arches dangereuses de leur puissance ; Car c’est leur privilège et leur terrible droit D’obscurcir même les divins enfants rayonnants. Nul n’atteint le ciel, qui n’a traversé l’enfer. Cela aussi le voyageur devait affronter. Un guerrier dans le duel immémorial, Il entra dans la Nuit muette et désespérante Défiant la ténèbre avec son âme lumineuse. Ses pas alarmant la pénombre du seuil Il parvint en un domaine de douleur cruelle Peuplé d’âmes qui ignoraient le goût du bonheur ; Tels des hommes nés aveugles, ignorant la lumière, Le pire des maux leur semblait le bien le plus haut, La vertu n’était qu’un visage du pêché Et le mal et la misère étaient leur nature. Le code pénal d’un sinistre gouvernement Faisant du malheur la loi ordinaire, Décrétant l’absence universelle de la joie Avait changé la vie en un sacrement stoïque Et la torture en un festival journalier. Un acte fut voté pour châtier le bien-être, Le plaisir et le rire étaient pêchés capitaux : Un esprit placide représentait la sagesse, L’apathie d’un cœur abruti figurait la paix : En lieu de sommeil, la torpeur était le repos ; La mort venait, mais ne donnait ni fin ni répit ; L’âme toujours vivait et souffrait davantage.
Sleep was not there, torpor was the sole rest, Death came but neither respite gave nor end; Always the soul lived on and suffered more.
Ever he deeper probed that kingdom of pain; Around him grew the terror of a world
Plus profond il sondait ce royaume de peine ; Autour de lui croissait la terreur d’un monde
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Of agony followed by worse agony, And in the terror a great wicked joy Glad of one's own and others' calamity.
Où l’agonie était suivie d’un pire supplice Et, dans la terreur, une joie méchante jouissait De sa calamité comme de celle des autres. La pensée et la vie étaient un long châtiment, Le souffle un fardeau et tout espoir un fléau, Le corps un champ de tourment et de malaise, Le repos une attente entre deux souffrances. Telle était la loi, que nul ne rêvait de changer : Un cœur sombre et dur, un esprit âpre et sévère Rejetaient le bonheur, une douceur écoeurante ; La tranquillité était un ennui insipide : Seule l’épreuve agrémentait l’existence Avec le piment de la douleur, le sel des pleurs. Si l’on pouvait cesser d’être, tout serait bien ; Sinon il fallait la saveur des sensations fortes : Une furie jalouse rongeant le cœur, le dard Du dépit meurtrier, de la haine, de la luxure, Le soupir qui séduit à la fosse, le coup du traître, Avivaient la douleur monotone des heures. Pouvoir assister au drame de l’infortune, Aux contorsions des créatures sous la herse, Au regard tragique du chagrin dans la nuit, A l’horreur et à l’effroi dans le cœur de la peur, - Tels étaient les ingrédients dans la coupe du Temps Qui aidaient à prendre plaisir à son amertume. Telle était la substance de l’enfer de la vie : Tels étaient les fils de sa toile d’araignée Où l’âme était saisie, tremblante et ravie ; Telle la religion, la règle de la Nature. Pour adorer une image noire du Pouvoir Dans une vilaine chapelle d’iniquité, L’on devait traverser à genoux des cours de pierre,
There thought and life were a long punishment, The breath a burden and all hope a scourge, The body a field of torment, a massed unease; Repose was a waiting between pang and pang. This was the law of things none dreamed to change: A hard sombre heart, a harsh unsmiling mind Rejected happiness like a cloying sweet; It needed the spice of pain, the salt of tears. If one could cease to be, all would be well; Else only fierce sensations gave some zest: A fury of jealousy burning the gnawed heart, The sting of murderous spite and hate and lust, The whisper that lures to the pit and treachery's stroke Threw vivid spots on the dull aching hours. To watch the drama of infelicity, The writhing of creatures under the harrow of doom And sorrow's tragic gaze into the night And horror and the hammering heart of fear Were the ingredients in Time's heavy cup That pleased and helped to enjoy its bitter taste. Of such fierce stuff was made up life's long hell: These were the threads of the dark spider's-web In which the soul was caught, quivering and rapt; This was religion, this was Nature's rule. In a fell chapel of iniquity To worship a black pitiless image of Power Kneeling one must cross hard-hearted stony courts, Tranquillity was a tedium and ennui: Only by suffering life grew colourful;
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A pavement like a floor of evil fate. Each stone was a keen edge of ruthless force And glued with the chilled blood from tortured breasts; The dry gnarled trees stood up like dying men Stiffened into a pose of agony, And from each window peered an ominous priest Chanting Te Deums for slaughter's crowning grace, Uprooted cities, blasted human homes, Burned writhen bodies, the bombshell's massacre. “Our enemies are fallen, are fallen,” they sang, “All who once stayed our will are smitten and dead; How great we are, how merciful art Thou.” Thus thought they to reach God's impassive throne And Him command whom all their acts opposed, Magnifying their deeds to touch his skies, And make him an accomplice of their crimes. There no relenting pity could have place, But ruthless strength and iron moods had sway, A dateless sovereignty of terror and gloom: This took the figure of a darkened God Revered by the racked wretchedness he had made, Who held in thrall a miserable world, And helpless hearts nailed to unceasing woe Adored the feet that trampled them into mire. It was a world of sorrow and of hate, Sorrow with hatred for its lonely joy, Hatred with others' sorrow as its feast; A bitter rictus curled the suffering mouth; A tragic cruelty saw its ominous chance. Hate was the black archangel of that realm;
Un pavement comme un sol de destin mauvais, Chaque pierre un tranchant de force impitoyable Et scellée par le sang gelé de seins torturés ; Les arbres secs, noueux, se dressaient tels des mourants Raidis dans une ultime pose d’angoisse, Et à chaque fenêtre un prêtre sinistre, penché, Psalmodiait des Te Deum pour louer le carnage, Les cités démantelées, les foyers dévastés, Les corps brûlés, le massacre de la bombe. « Nos ennemis sont tombés, sont tombés », chantaient-ils, « Tous ceux qui nous firent obstacle sont abattus ; Comme nous sommes grands, grande est Ta miséricorde. » Ainsi pensaient-ils atteindre le trône de Dieu Et Le commander, Lui qu’opposaient tous leurs actes, Magnifiant leurs exploits pour toucher Ses cieux, Et faire de Lui un complice de leurs crimes. Il n’y avait de place pour aucune pitié, Une énergie cruelle dominait implacable, Un immémorial empire de terreur et d’ombre, Qui prenait la figure d’un Divin obscurci Révéré par sa propre création suppliciée Et tenant en servitude un monde misérable Ou les cœurs impuissants cloués au martyre Adoraient les pieds qui les écrasaient dans la fange.
C’était un monde de détresse et de haine, Détresse dont la seule joie était la haine, Haine se régalant de la détresse d’autrui ; Un rictus amer courbait la bouche souffrante ; Une tragique cruauté contemplait sa chance. La haine était l’archange noir de ce domaine, Une sombre incandescence dans le cœur Brûlant l’âme de ses rayons pernicieux,
It glowed, a sombre jewel in the heart Burning the soul with its malignant rays,
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And wallowed in its fell abysm of might. These passions even objects seemed to exude,— For mind overflowed into the inanimate That answered with the wickedness it received,— Against their users used malignant powers, Hurt without hands and strangely, suddenly slew, Appointed as instruments of an unseen doom. Or they made themselves a fateful prison wall Where men condemned wake through the creeping hours Counted by the tollings of an ominous bell. An evil environment worsened evil souls: All things were conscious there and all perverse. In this infernal realm he dared to press Even into its deepest pit and darkest core, Perturbed its tenebrous base, dared to contest Its ancient privileged right and absolute force: In Night he plunged to know her dreadful heart, In Hell he sought the root and cause of Hell. Its anguished gulfs opened in his own breast; He listened to clamours of its crowded pain, The heart-beats of its fatal loneliness. Above was a chill deaf eternity. In vague tremendous passages of Doom He heard the goblin Voice that guides to slay, And faced the enchantments of the demon Sign, And traversed the ambush of the opponent Snake. In menacing tracts, in tortured solitudes Companionless he roamed through desolate ways Where the red Wolf waits by the fordless stream And Death's black eagles scream to the precipice, And met the hounds of bale who hunt men's hearts
Vautré dans son effroyable abîme de force. Ces passions, les objets mêmes semblaient exsuder, - Car le mental débordait dans l’inanimé Qui répondait avec la même méchanceté – Contre l’usager émettaient des forces malignes, Blessaient sans l’aide de mains, tuaient soudainement, Désignés comme instruments d’un sort invisible. Ou bien ils se changeaient en parois d’une prison Où des hommes condamnés veillent les heures lentes Comptées par les coups d’une cloche menaçante. Un milieu de mal empirait les âmes mauvaises : Tout y était conscient, tout y était pervers. Perturbant ses ténèbres, il osa contester Son ancien privilège et sa force absolue : Il plongea dans la Nuit pour connaître son cœur, Il chercha dans l’Enfer sa racine et sa cause. Ses gouffres s’ouvrirent dans sa propre poitrine, Il écouta les clameurs de sa peine multiple, Les pulsations de son fatal isolement. Sourde et froide, une éternité régnait au-dessus. En de vagues, terribles passages de Ruine, Il entendit la Voix d’elfe qui mène à tuer, Affronta les enchantements du Signe malin Et franchit l’embuscade du Serpent adverse. En des régions menaçantes, des déserts angoissés, Il avança seul sur des chemins désolés Où le Loup rouge attend près du torrent impassable Et les aigles de la Mort hurlent au précipice, Brava les chiens qui pourchassent les coeurs des hommes Dans ce domaine infernal il osa s’avancer Même en sa fosse et son centre les plus sombres ;
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Baying across the veldts of Destiny, In footless battlefields of the Abyss Fought shadowy combats in mute eyeless depths, Assaults of Hell endured and Titan strokes And bore the fierce inner wounds that are slow to heal. A prisoner of a hooded magic Force, Captured and trailed in Falsehood's lethal net And often strangled in the noose of grief, Or cast in the grim morass of swallowing doubt, Or shut into pits of error and despair, He drank her poison draughts till none was left. In a world where neither hope nor joy could come The ordeal he suffered of evil's absolute reign, Yet kept intact his spirit's radiant truth. Incapable of motion or of force, In Matter's blank denial gaoled and blind, Pinned to the black inertia of our base He treasured between his hands his flickering soul. His being ventured into mindless Void, Intolerant gulfs that knew not thought nor sense; Thought ceased, sense failed, his soul still saw and knew. In atomic parcellings of the Infinite Near to the dumb beginnings of lost Self,
En aboyant dans les steppes de la Destinée, Et, dans les champs de bataille de l’Abysse, livra Des combats d’ombre en d’aveugles profondeurs, Endura l’assaut de l’Enfer, les coups des Titans Et ces plaies intérieures que le temps seul guérit. Un prisonnier d’une Force encagoulée, Capturé et traîné par le filet du Mensonge Et souvent étranglé par la corde du chagrin, Ou jeté dans l’horrible marécage du doute Ou dans les trous de l’erreur et du désespoir, Il but jusqu’à la lie ses goulées de poison. Là où ni l’espoir ni la joie ne pouvaient venir Il souffrit l’ordalie du mal absolu, pourtant Il tenait entre ses mains son âme vacillante. Son être s’aventura dans le Vide insensé En des gouffres intolérants de toute pensée ; Le sens y défaillait, mais son âme pouvait voir. En d’atomiques morcellements de l’Infini, Près des commencements obscurs du Soi oublié, Il ressentait la curieuse futilité De la création des choses matérielles. Ou, suffoquant dans la pénombre de l’Inconscient, Il sondait le mystère opaque, illimitable, Des énormes fonds aberrants d’où s’éleva Dans un univers inerte l’effort de la vie. Là, dans l’identité qu’a perdu le mental, Il éprouva le sens caché du monde insensible, Sentit une sagesse muette dans la Nuit. Garda intacte la vérité de son esprit. Incapable de mouvement ou de force, Incarcéré dans le déni de la Matière, Rivé à la noire inertie de notre base,
He felt the curious small futility Of the creation of material things.
Or, stifled in the Inconscient's hollow dusk, He sounded the mystery dark and bottomless Of the enormous and unmeaning deeps Whence struggling life in a dead universe rose. There in the stark identity lost by mind He felt the sealed sense of the insensible world And a mute wisdom in the unknowing Night.
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Into the abysmal secrecy he came Where darkness peers from her mattress, grey and nude, And stood on the last locked subconscient's floor Where Being slept unconscious of its thoughts And built the world not knowing what it built. There waiting its hour the future lay unknown, There is the record of the vanished stars. There in the slumber of the cosmic Will He saw the secret key of Nature's change. A light was with him, an invisible hand Was laid upon the error and the pain Till it became a quivering ecstasy, The shock of sweetness of an arm's embrace. He saw in Night the Eternal's shadowy veil, Knew death for a cellar of the house of life, In destruction felt creation's hasty pace, Knew loss as the price of a celestial gain And hell as a short cut to heaven's gates. Then in Illusion's occult factory And in the Inconscient's magic printing-house Torn were the formats of the primal Night And shattered the stereotypes of Ignorance. Alive, breathing a deep spiritual breath, Nature expunged her stiff mechanical code And the articles of the bound soul's contract, Falsehood gave back to Truth her tortured shape. Annulled were the tables of the law of Pain, And in their place grew luminous characters. The skilful Penman's unseen finger wrote His swift intuitive calligraphy;
Il parvint au cœur secret de l’abysse où l’Ombre, Grise et nue sur son matelas, observe tout, Et se tint sur le sol du dernier subconscient Où l’Etre dormait inconscient de ses pensées Et construisait le monde sans le savoir. Là, attendant l’heure, l’avenir gisait inconnu, Là est le registre des étoiles disparues. Là, dans le sommeil de la Volonté cosmique, Il vit la clé secrète du changement. Une lumière était avec lui, une main Etait posée sur l’erreur et la peine Jusqu’à devenir une extase tremblante, Le choc de douceur d’un bras qui étreint. Il vit en la Nuit le voile de l’Eternel, En la mort un cellier dans la maison de la vie, En la destruction la hâte de la création, En la perte le prix d’un gain supérieur Et en l’enfer un raccourci aux portes du ciel. Alors, dans la fabrique occulte de l’Illusion Et l’imprimerie magique de l’Inconscient, Les formats de l’ancienne Nuit furent arrachés, Fracassés les stéréotypes de l’Ignorance. Vivante, respirant un profond souffle spirituel, La Nature effaça son code mécanique Et les termes du contrat qui liait l’âme, Le Mensonge rendit sa forme à la Vérité. Les tables de la loi de Douleur annulées, Les remplacèrent de lumineux caractères. Le doigt invisible de l’habile Ecrivain Traça sa rapide calligraphie intuitive ;
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Earth's forms were made his divine documents, The wisdom embodied mind could not reveal,
Il fit des formes de la terre ses documents ; La sagesse que le mental avait ignorée Chassa l’Inconscience du sein de l’univers, Et transfigura les systèmes de la Raison. Stimulant la conscience dans les choses inertes, Il imposa à l’atome obscur et à la masse L’écriture de diamant de l’Impérissable, Inscrivit sur le sombre cœur des choses déchues Un chant de louange au libre Infini, Et le Nom, fondation même de l’éternité, Et dessina sur les cellules exultantes Avec les idéogrammes de l’Ineffable La lyrique de l’amour qui attend dans les âges Et le tome du Livre de la Félicité Et le message du Feu supraconscient. Alors la vie battit purement dans le corps ; La Lueur infernale mourut, impuissante. L’énorme, abrupte façade se fendit Comme un bâtiment magique qui est défait ; La Nuit, ouverte, s’évanouit comme un gouffre de rêve. Dans la brèche de l’être, tel un espace évidé Où elle avait occupé la place du Divin, Une Aurore se versa, intime et bienheureuse ; Tout était guéri, qu’avait créé le Temps blessé, Et le chagrin ne pouvait plus vivre sur la terre : La division cessa d’être, car Dieu était là.
Inconscience chased from the world's voiceless breast; Transfigured were the fixed schemes of reasoning Thought. Arousing consciousness in things inert, He imposed upon dark atom and dumb mass
The diamond script of the Imperishable, Inscribed on the dim heart of fallen things A paean-song of the free Infinite And the Name, foundation of eternity, And traced on the awake exultant cells In the ideographs of the Ineffable The lyric of the love that waits through Time And the mystic volume of the Book of Bliss And the message of the superconscient Fire.
Then life beat pure in the corporeal frame; The infernal Gleam died and could slay no more.
Hell split across its huge abrupt façade As if a magic building were undone,
Night opened and vanished like a gulf of dream. Into being's gap scooped out as empty Space In which she had filled the place of absent God, There poured a wide intimate and blissful Dawn; Healed were all things that Time's torn heart had made And sorrow could live no more in Nature's breast:
Division ceased to be, for God was there. The soul lit the conscious body with its ray, Matter and spirit mingled and were one.
L’âme éclaira de son rayon le corps conscient, La matière et l’esprit se mêlèrent et s’unirent.
Fin du Chant Huit
End of Canto Eight
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