Un prochain pas

un prochain pas

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MAA

SRIMIRAARAVINDAYE

AUM NAMO BHAGAVATE

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Qui sommes-nous ?

Sommes-nous aujourd’hui le fruit de tous ces millénaires incomptés d’effort et de tension civilisateurs pour réaliser une société d’êtres humains accomplis ? Nos champs d’ordures, nos sillons empoisonnés, nos rivières vénéneuses, notre air devenu létal et nos édifices qui égratignent le ciel et nos fusées qui le salissent jusqu’aux étoiles et nos machines à broyer les arbres et nos milliards de corps obèses, est-ce pour cela que ces milliers de générations qui nous ont précédés se sont, graduellement et en dépit de tous les maux et les obstacles, disciplinés, éclairés, cultivés, développés, émancipés, raffinés, organisés ?

Sommes-nous au bout de la course, une course qui s’avère regrettable ?

Ou bien, quand tout ce que nous avons bâti et touché semble sur le point de s’autodétruire – et quand bien même certains pérorent encore et se gaussent de leurs triomphes technologiques « qui vont tout arranger » -, approchons-nous d’un autre respir, d’un lâcher prise qui permet une mutation, inintelligible mais certaine et pleine enfin, en un autre monde relationnel fondé sur l’équilibre et l’unité, ici-même ?

Il y a-t-il un choix possible et pouvons-nous, sommes-nous capables de le choisir ?

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Conditions

L’année 2020 n’est comparable à aucune autre dans notre histoire collective.

L’année du confinement : des milliards d’êtres humains, d’individus éduqués, « civilisés », actifs et capables, ont accepté de se soumettre à des directives radicales issues par le concert mondial des « autorités », ainsi qu’à leurs conséquences quelles qu’elles soient. Toutes ces personnes innombrables, auxquelles il est enjoint même d’abandonner les leurs s’il le faut pour le bien de tous et qui l’acceptent, alors même que rien, absolument rien d’autre que la parole de « ceux qui savent » ne peut leur en prouver la juste nécessité, que leur est-il arrivé, que nous arrive-t-il ? Tous ces milliards ne sont pas pour autant également endormis : certains réfléchissent en-dehors des tracés, préservant et animant diverses démarches d’observation, d’analyse ou d’intuition. Il est ainsi question du pouvoir des conditionnements, particulièrement de celui qui s’est mis en place à l’échelle terrestre à la faveur d’outils et d’applications technologiques de communication qui relient pratiquement chaque personne à un réseau continu d’information, alliant toutes les connaissances répertoriées à toutes sortes de satisfactions ludiques rendues virtuellement immédiatement accessibles – favorisant ainsi, par leur effet d’accoutumance, une prise de possession. Il est question de l’intention première et ultime attribuée à quelque élite qui poursuivrait un programme défini de domination et de contrôle des populations afin d’organiser l’avenir de l’espèce humaine selon des critères plus exigeants de durabilité et de rentabilité et une vision totalitaire de l’harmonie terrestre et de sa gestion.

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Il est aussi question d’un combat plus complexe entre des forces et des pouvoirs de natures différentes alors même que s’approche l’échéance désormais inévitable d’un désastre climatique et énergétique planétaire. Ou peut-être s’agit-il d’une intensification des résistances à l’avènement d’un autre Regard et d’un autre Etat de la conscience incarnée ?

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Quelle est la mesure de l’être humain présent, au stade présent de son évolution mentale, émotionnelle et physique, face à la fois à la faillite de ses pouvoirs et de son intelligence (leur incapacité à résoudre les contradictions qui déchirent et divisent l’existence humaine terrestre) et à l’ampleur et la force d’un soulèvement de la nature terrestre tout entière – soulèvement qui semble répondre précisément à l’inaptitude de l’espèce humaine à respecter, préserver, honorer et partager justement l’harmonie même que lui a offerte la Terre ? Il est question, donc, de ces processus et mécanismes que nous nommons « conditionnements », qu’ils soient infligés ou voulus, subis ou délibérés, inéluctables ou arbitrairement imposés. Mais il y a-t-il en nous, en chaque être humain, quoique ce soit, quelque part ou élément que ce soit, qui ne soit pas assujetti à, ou déterminé par, un conditionnement ou un autre ?

Quiconque réfléchit et examine un moment la nature et l’origine de ses propres réponses à un évènement ou une situation quelconques va inévitablement réaliser qu’elles sont déterminées et conditionnées – qu’elles ne sont pas libres : nous sommes tous prédisposés à certains jugements et à certaines interprétations par nos acquis, notre parcours,

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nos appartenances culturelles, politiques, religieuses, sociales ou raciales, notre passé émotionnel, notre position personnelle immédiate, nos craintes et nos désirs. Nous sommes ainsi incapables de réelle impartialité, ni de réelle et directe compréhension de ce dont nous nous trouvons les témoins. Et nous sommes ainsi incapables de voir ou de percevoir : il nous faut alors analyser, consulter différentes versions et observations et récits du même évènement, tenter de prendre un peu de recul et de s’ouvrir à d’autres points de vue pour avoir quelque chance de pouvoir aborder la réalité unique de l’évènement concerné. Il nous est pratiquement impossible de « voir » quoique ce soit sans le filtre de nos préjugés. Seul cet être profond qu’il nous faut découvrir est capable de discerner directement la nature et la réalité d’un évènement, d’une personne, d’une situation, quels qu’ils soient mais, pour saisir cette perception qui est indépendante de toutes formations, il nous faut apprendre d’abord à nous unir à sa présence et à sa loi de conscience.

Jusqu’à cette rencontre, cette nouvelle naissance, l’individu est lié.

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Voici quelques notations et constats inspirés par cette « crise » 2020, crise qui constitue un jalon-charnière dans notre aventure humaine terrestre.

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Conditionnements inévitables

Avant même de naître à ce monde, alors que notre corps et notre organisme vivants, sont encore en préformation, les conditions fondatrices, transmises ou héritées, de notre existence physique se réunissent silencieusement – et inéluctablement -, ces conditions qui fixent notre constitution, notre morphologie, notre genre, notre couleur, notre apparence, nos saisons biologiques, certaines de nos vulnérabilités et de nos aptitudes corporelles, certains de nos traits psychologiques, et plus fondamentalement encore, notre assujettissement absolu à la mort. Alors que ce tout premier conditionnement, qui déterminera en grande partie nos propensions comportementales, s’inscrit dans nos gènes au cours de la gestation, la « naissance » du corps physique est le premier conditionnement « extérieur ». C’est la rencontre immédiate et brutale avec les conditions de l’existence dans l’univers matériel et, dans notre cas, celles de la vie humaine sur la Terre.

Avant cela donc, il y a un milieu – l’on y est porté, contenu, immergé : c’est l’amnios nourrissant, une suspension protégée entre les autres dimensions et celles-ci de l’espace et du temps ; c’est la gestation du corps potentiel, la formation, la mise en place, l’agrégation et l’assemblage vivants de tous les éléments constitutifs dans leurs relations complémentaires et solidaires.

L’on y est encore choyé ; c’est l’atelier feutré où s’affairent ensemble les connaissances et les pouvoirs qui soutiennent l’univers.

Puis l’on est « mis au monde ».

La pression de l’air, l’espace, les distances et le mouvement, la solidité et le poids des corps, des objets, les degrés de la lumière, les textures du

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toucher, les fonctions… le téton, les deux tétons, les deux mains : le besoin, la faim, l’apaisement, le sommeil ; les cycles, les alternances et les retours. Les rythmes, les cadences, la multitude des sons et des résonances, le chaud, le tiède et le froid, le rigide et le malléable. Bientôt, c’est tout l’environnement physique immédiat qui exige et stimule et indique et sanctionne les réponses de l’organisme et leur développement. Autrement et simultanément, l’environnement émotionnel se manifeste : accords et discordances, intensités de caractères différents se font reconnaître, ainsi que leurs impressions et leurs traces. Puis, du proche au lointain, de l’intime à l’étranger, ces environnements superposés, entremêlés et interactifs se révèlent situés, particuliers, au sein d’un plus vaste milieu – dans lequel il faut bientôt apprendre à naviguer.

Alors, de conditionnements circonstanciels qui déjà déterminent une gamme complexe de réponses, de défenses et de positionnements, l’on doit aborder les influences de conditionnements intentionnels, à commencer par l’éducation.

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Et, au-delà ou en arrière, de quelles ressources indépendantes, intrinsèques, chaque être unique est-il nanti, à l’orée de ce processus incontournable d’individualisation et de définition en tant que personne singulière ?

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Ces ressources libres, intérieures, qui permettent un degré de distanciation et de perspective sur cet ensemble mécanique de stimulations et de réponses, sont-elles également accessibles à tous, ou leur disponibilité dépend-elle aussi d’une autre sorte de déterminismes ? C’est pourtant du développement conscient de ces ressources que vont dépendre non seulement l’orientation de l’existence individuelle, mais ses réalisations. Ces ressources, nous avons coutume de les nommer « intérieures », pour les différencier de tout ce complexe assemblage qui constitue notre personnalité frontale, ou « extérieure ». Sans elles, sans l’accès qu’elles nous donnent à des états de conscience plus libres, plus profonds et plus absolus, nous sommes entièrement soumis à l’action conjuguée de tous les déterminismes qui s’imbriquent dans le flux de l’existence humaine physique.

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Conditionnements acquis, élus, infligés, acceptés

L’éducation, donc, est le premier agent d’intervention concertée de la « société » afin de guider, d’acclimater, d’habituer et de modeler la personnalité en chantier. D’autres formes de conditionnement se présentent alors – souvent comme la seule alternative viable à une existence d’incertitude et de vain questionnement – à l’individu en quête d’une voie : l’armée, ou quelque ordre monastique, ou quelque enrôlement politique ou quelque service d’un idéal ; plus généralement cependant, l’issue la plus favorisée est celle de fonder une famille et d’alimenter ainsi le fonctionnement commun de l’aventure humaine, si mystérieuse ou ordinaire fusse-t-elle.

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De nos jours, ce sont les habiles prédateurs qui semblent gagner le plus de terrain : bénéficiant d’outils perfectionnés d’observation, d’évaluation et de programmation, il leur devient de plus en plus aisé d’élaborer et de mettre en place des stratégies de maîtrise des comportements individuels et collectifs. Et, quelles que soient leurs visées, quelle que soit la nature de leurs desseins, leur réalisation implique et invite des recherches et des activités qui peuvent intéresser et passionner de nombreux candidats à une vision de l’avenir séduisante – ignorant pourtant, sinon niant, la réalité de la conscience.

Certains redoutent l’imposition prochaine et planifiée d’une campagne concertée de vaccination, qui traiterait les corps individuels comme des cobayes ; ce n’est pas une crainte irrationnelle, puisque en effet, durant ces dernières décades, nous avons tous été utilisés comme cobayes et

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nos réactions étudiées, analysées, comparées, évaluées, graduellement modifiées et acclimatées, par la pratique de plus en plus envahissante de la publicité, avec l’énormité de ses conséquences sur la vie quotidienne de chaque personne et ses choix immédiats, tandis que les profiteurs de toutes sortes s’enrichissaient de la perte de tout bon sens et de tout discernement naturel.

Et les effets ravageurs de cette vaste entreprise sont là, partout sur cette Terre.

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La mise en scène

Or, voici que cette année 2020 s’est présentée avec son cortège rapide de bouleversements feutrés, presque tranquilles : une série de saisies collectives à la fois répondant à une logique prévisible et cohérente, et porteuse de possibilités et d’opportunités inespérées pour une réorientation ô combien nécessaire de la conduite humaine.

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2020 : L’érosion massive du bon sens et de la raison au profit, non pas d’une perception ou d’un mode intuitif qui leur seraient supérieurs, mais d’une sorte de soumission impotente, timorée, anxieuse et servile, s’est apparemment effectuée en quelques jours. Est-ce possible ? Cette érosion ne s’était-elle pas introduite auparavant, jusque dans nos gestes les plus intimes ? Tout à coup nous voici confrontés à des nécessités dont l’origine nous échappe. D’un côté le danger se dresse, le danger de mort pour soi-même et pour autrui, le risque d’être le vecteur et l’agent de la mort d’un autre ou, au moins, de sa souffrance, si l’on ne se plie pas aux consignes : si l’on rechigne de quelque manière, l’on démontre ainsi une propension suicidaire ou criminelle, une inconscience, une inconséquence, une arrogance ou un égoïsme toxiques pour la société tout entière.

L’on devient suspect.

De l’autre côté, le péril nous guette, celui de perdre tout discernement, de se laisser réduire à une ombre obéissante, évidée, dé-pourvue de toute

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ressource indépendante, de toute capacité de réflexion autonome – et de tout droit de régler sa propre conduite.

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La logique impitoyable du premier pas dans l’engrenage se met en marche.

Attacher la première fois ce masque sur le visage, ou se reculer de la proximité d’un autre – et la méfiance s’installe, s’immisce et se répand comme une fumée opaque dans tous les espaces de la vie quotidienne.

L’on ne sait plus et, pire, l’on n’est plus capable de savoir : ce sont les « autorités » qui savent et peuvent savoir ; et pourtant, bombardés et mitraillés de tous côtés et à chaque instant par des informations débilitantes et contradictoires et inconclusives, c’est le statut même de ces autorités qui se délite et s’altère : il y a-t-il autre chose en arrière, une autre instance qui évalue, juge et décide ?

Le doute prolifère et infecte tous nos actes, à l’image exacte de ce spectre lâché sur la Terre.

En qui, en quoi mettre sa confiance ?

Que s’est-il passé ?

Voici ces personnes, ces individus, ces êtres physiques – ces hommes et ces femmes – qui vont poser leurs deux pieds dans des cercles tracés sur le sol à la craie blanche, distants de deux mètres les uns des autres, la moitié de leur visage dissimulée comme par un bandage d’accidenté, attendant de pouvoir se déplacer au prochain cercle dans la ligne pour obtenir le pain, le lait, les légumes, l’huile ou le riz, sous la surveillance de policiers masqués et munis de bâtons : que leur est-il donc arrivé ? Il n’y a

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pas de guerre, mais les routes sont presque désertes, les enfants ne jouent plus dehors, l’air est tranquille, le ciel est en effet plus clair, que se passe-t- il ?

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Mais qu’est-ce donc, le « bon sens », après tout ?

Que voulons-nous désigner par ce terme ?

Est-ce l’instinct naturel ? Est-ce la logique élémentaire issue de l’expérience et de l’observation partagées, vérifiées par autrui – objectives, donc ? – de la vie physique et des lois physiques ?

Ou est-ce aussi, au moins en partie ou implicitement, quelque chose comme l’intelligence du cœur ?

Ou bien est-ce le résultat ou le fruit d’un discernement attentif et prolongé, confirmé dans la durée comme dans l’espace ? D’un enregistrement et d’un témoignage aussi neutres que sobres – impersonnels – des phénomènes qui tendent à se produire dans notre existence humaine ? Ou s’agit-il également de notre sens moral inculqué, de notre attachement aux lois et aux habitudes connues et transmises : « c’est comme ça et pas autrement, on ne peut rien changer aux lois de la Nature… ! » ? Car, selon les circonstances et les personnes, ce « bon sens » peut être synonyme de santé, d’équilibre et de confiance de l’être physique et corporel, comme il peut signifier la nécessité de la prudence et des précautions.

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Comment respirer ?

Et pourtant, il y a érosion, il y a eu un processus d’usure intensive, d’érosion diligente et continue durant toutes ces dernières années de cultivation digitale, durant lesquelles une part de plus en plus majoritaire de l’humanité s’est trouvée graduellement abêtie, diminuée, possédée, accoutumée, abrutie, dissociée du vécu et de l’instant. Par la magie proliférante de l’informatique, le libre accès à tous les savoirs comme à tous les assouvissements virtuels lui a été procuré. Un vaste nivellement s’est ensuivi, par lequel toutes connaissances se valent et les plus hautes instances scientifiques ou éthiques sont vigoureusement contredites ou reniées ou démontées, jusqu’à ce que toute information quelle qu’elle soit acquière un impact et un pouvoir égal et le cynisme, le doute et la croyance se partagent le rite d’accueil sur le seuil de nos demeures personnelles. L’exercice même de la logique, cet exercice que chaque individu est censé pratiquer d’innombrables fois et en d’innombrables occasions dans son existence, est à présent mis à l’épreuve : il est demandé à chaque individu – cela est même exigé – d’y renoncer au profit d’une politique d’urgence impliquant tous les membres de la société à la fois et décrétant les mesures, les consignes et les règles que tous doivent dorénavant observer aussi longtemps que durera « la crise ». Cependant les « autorités » ne peuvent entièrement séquestrer l’humanité, ni la forcer à leur obéir à chaque instant et en tout point, même munies des instruments et des techniques de surveillance et de contrôle qui leur sont déjà accessibles. Les instructions dispensées, distribuées, propagées, ressassées jusqu’à l’abrutissement, sont sans appel : gestes « barrière », port du masque couvrant le nez et la bouche, écart de six pieds entre les corps, nettoyage

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sanitaire des mains après avoir touché des surfaces qui pourraient être contaminées…

Mais s’agit-il de mesures raisonnées et comprises par tous ou d’actes et de gestes d’ordre magique ou superstitieux ?

Ou bien s’agit-il de gages d’obéissance et de subordination pleinement acceptées ?

Après plusieurs mois de confinement obligatoire, la formation mentale qui a initialement été projetée dans l’atmosphère terrestre a augmenté son effectivité ; cette formation stipule que les organismes humains ne sont plus capables de se défendre par eux-mêmes et que l’environnement terrestre leur est devenu hostile : ils sont désormais à la merci de « nouveaux » virus, de nouvelles particules virales parasitiques contre lesquelles la science doit maintenant identifier et fabriquer de nouvelles défenses ou protections. Et, en attendant qu’elle y parvienne, il nous faut donc impérativement respecter les consignes, qui sont formulées et imposées « pour notre bien à tous ». Mais l’enracinement de cette formation dans la conscience physique humaine augmente la vulnérabilité des bons citoyens et leur propension à se soumettre et s’en remettre à une vague hiérarchie qui dispose de davantage de savoir et de pouvoir d’action.

Ainsi la moindre suggestion d’une attaque encore plus grave ou vicieuse devient d’autant plus impressionnante.

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Le droit à la question

Il serait évidemment préférable, du point de vue de la conscience en progrès, que tous et toutes se posent un certain nombre de questions, chacun et chacune à sa manière et dans ses propres termes. La plus évidente de ces questions, presque la plus grossière est celle-ci : au risque de ruiner d’innombrables vies humaines et de rejeter dans la pauvreté extrême une grande partie de la population, de couler l’économie mondiale et de saborder des millions de projets et d’entreprises, les autorités et les gouvernants du jour se sont montrés prêts à paralyser la plupart des mouvements pour une durée indéterminée, quelles que soient les conséquences, sous la seule menace d’une « nouvelle » maladie virale qui « pourrait » décimer un pourcentage approximatif de membres actuels de notre valeureuse espèce ; hors, tout au long de ces dernières décades durant lesquelles tous et toutes ont pu constater les effets toxiques, nocifs et destructeurs sur toutes les espèces vivantes et sur tout l’environnement terrestre du mode de développement aveugle et égoïste auquel une certaine élite a choisi de lier et d’assujettir l’humanité entière, précipitant ce monde physique au désastre irréversible, ces mêmes autorités et gouvernants se sont contentés de louvoiements et d’atermoiements et de compromis. Ils viennent pourtant de démontrer qu’il était possible de prendre des mesures radicales ayant pour effet la diminution rapide des diverses pollutions dont nous sommes tous directement ou indirectement responsables et de servir ainsi un avenir d’équilibre et d’harmonie pour l’entière biosphère. Alors, quelles sont les motivations, les priorités et les exigences qui leur ont donné l’impulsion et l’audace d’agir ainsi ?

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L’on peut ainsi légitimement postuler que si l’état de dégénérescence collective de nos facultés de discernement et d’analyse impartiale n’avait pas été si évident, si nous n’avions pas collectivement laissé les rênes entre les mains des arnaqueurs les plus rusés et les plus ambitieux, une tout autre approche de cette « crise » aurait pu se formuler, une approche a la fois plus respectueuse et plus solidaire, plus honnête, plus intègre et plus créative. Cette approche aurait consisté en premier lieu à partager et relayer l’information la plus fiable, la mieux vérifiée, la plus exacte concernant cette « nouvelle menace virale », tout en s’engageant à partager également les résultats de toutes les recherches au fur et à mesure de leur évolution et en invitant chaque individu à faire preuve d’observation, de diligence et à assumer sa part de responsabilité. Dans cette approche, toutes sortes d’initiatives locales auraient pu être encouragées, contribuant chacune leurs avancées comme leurs échecs dans la prévention comme dans les soins éventuels, une fois les recommandations et conseils les plus éclairés communiqués avec clarté et précision.

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Notre conscience est-elle étranglée ?

Prenons simplement comme exemple la question du port du masque : par quel raisonnement parvient-on à choisir de porter un masque de tissu sur la moitié inférieure du visage alors que l’on est seul dans sa voiture ou sur sa motocyclette ou son vélo, à grande distance de toute autre personne physique ?

L’on s’aperçoit alors, avec résignation, ou avec effroi, ou avec un sursaut de réalisation, que l’on ne sait rien clairement, que l’on n’est nourri que

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d’informations tronquées ou contradictoires qui nous gardent à la merci d’une sorte de hiérarchie décisionnelle insaisissable : tels des oisillons mal en point attendant la becquée, nous sommes alimentés de jour en jour et d’heure en heure par une mitraille d’alertes et d’annonces, jusqu’à ce que, comme subrepticement, l’on s’éloigne ou soit éloigné, aliéné de toute possibilité de confiance.

Qui donc, et comment, peut décider du sort de cette humanité à présent ?

Une commission quelconque des Nations Unies, mieux financée que d’autres pour prodiguer ses directives ?

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Le travail de chacun

Que dit donc notre conscience ?

Que dit la Conscience ?

Car dans tout ce fatras, seule la Conscience demeure libre, seule la Conscience existe vraiment – qui pourtant informe tout ce qui est.

Il n’y a pas de Dieu suprême assis sur son trône qui observe et juge et octroie.

Seule la Conscience EST.

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Il existe au-dedans de chaque individu un être que la Conscience a graduellement formé et nourri, qu’elle a seule développé à travers les vies et leurs expériences, à l’abri de tous les déterminismes te de tous les conditionnements. C’est à chacun de nous de trouver et de rencontrer cet être profond, de nous unir à sa réalité et de travailler ainsi pour le monde.

Mais il nous faut d’abord ne plus vouloir que cela, que plus rien ne compte vraiment, pas même la vie, autre que cette découverte, cette union et ce travail.

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Il ne sert à rien d’attendre et d’espérer, de vouloir ou de redouter.

Il n’y a rien à craindre autre que de quitter ce monde sans avoir trouvé sa conscience.

Nous ne savons rien, ne pouvons rien : la Terre entière nous le crie.

Voici les résultats d’une évolution sous l’égide et le règne du mental et de son comparse le vital - l’intelligence et la force de vie – : le principe du mental a été notre guide et notre fondation et nous avons par lui grandi et appris. Nous ne connaissons pas d’espace qui ne soit habité, organisé, issu par le mental et aujourd’hui, oui, voici les résultats : de grands progrès et un saccage encore plus grand. La contradiction inhérente au principe de dualité atteint aujourd’hui son ultime possibilité : un autre principe doit prendre la relève, que nous ne pourrons servir qu’en devenant conscients : libres du mental, prêts à nous donner sans réserve.

Il ne sert à rien de céder à la peur = peur de quoi ? Des calamités, des souffrances, pour soi, pour les autres ? Ce ne peuvent être que des phénomènes passagers, qui n’affectent pas la conscience.

La conscience, elle, demeure.

Tâchons déjà de cultiver la bienveillance et de nous concentrer dans ce besoin de la conscience qui seule peut nous mettre en relation avec un autre Principe évolutif, un principe d’harmonie progressive invincible.

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Nous sommes enfermés dans une bulle implosive.

Il nous faut la trouer.

Par nos pratiques délétères nous avons tout empoisonné.

Nous nous sommes servis de la Matière sans saisir sa vérité : la Matière est conscience infinie.

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Il est temps.

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Et peut-être avons-nous longtemps déjà crié, crié ce cri muet innommable devant l’absurdité de cette course effrénée qui nous possède et nous rend indignes et abjects : que tout cela s’arrête ! Et aujourd’hui, 2020 sur cette Terre, il y a eu un arrêt – il y a eu césure, un arrêt de presque toutes les activités que nul n’aurait cru possible d’orchestrer ! Que la peur ait du être le moyen de persuasion, une peur instillée de haut en bas, des élites à la masse, n’est après tout que « naturel » : n’est-il pas temps aussi de confronter notre terreur de la mort ?

Ainsi, c’est à nous tous de secouer les hypnotismes qui nous gardent cloués, malgré nos plus brillantes pensées et nos œuvres les plus éloquentes et nos accomplissements les plus magistraux.

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C’est à chacun de nous qu’il revient de regarder et d’écouter et de sentir et de toucher ce que nous disent la Terre et sa Nature : il est temps de grandir en des êtres plus dignes de la Grâce. Il nous faut lâcher prise, nous préparer à collaborer, à nous laisser guider et animer par la Conscience qui sait et qui aime vraiment.

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A l’évidence, nous ne sommes pas tous également conscients de notre être « intérieur » ; il semblerait ainsi que nous ne pouvons tous nous donner à ce travail direct de franchissement et de transition. Cependant ce n’est pas « nous » qui pouvons quoique ce soit pour le destin de ce monde, si équipés ou « spirituellement » développés nous croyions-nous : c’est la Conscience qui peut, c’est l’Etat suivant, l’Etat à venir, qui peu à peu, se fonde dans la Matière et dans l’humain – malgré, en dépit de, à la faveur de, à travers et indépendamment de toutes contingences. Et nous pouvons chacun trouver là où nous sommes le mouvement interne qui perce la gangue hypnotique de notre état mentalisé, quel que soit notre degré d’éducation en quelque domaine que ce soit ; chaque être humain aujourd’hui peut accéder directement à la conscience qui agit, en trouant cette opacité qui nous possède – même et surtout dans nos corps.

La Conscience peut déjouer tous les conditionnements et toutes les dictatures.

Ainsi, quiconque lit ces lignes peut regarder toute autre personne quelle qu’elle soit et comprendre que l’évolution y travaille et le passage y est également possible, car il y a nécessairement, en chaque individu humain physique aujourd’hui la possibilité du contact avec la Conscience.

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Et ceci même est déjà une ouverture à l’Unité.

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Divakar. Auroville, le 21 Juillet 2020.

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