Savitri - Book Six - Canto 1

Smitten in the sorrow of scourged and helpless things, Often it faints to meet other suffering eyes. We are not as the gods who know not grief And look impassive on a suffering world, Calm they gaze down on the little human scene And the short-lived passion crossing mortal hearts. An ancient tale of woe can move us still, We keep the ache of breasts that breathe no more, Too hard for us is heaven's indifference: Our own tragedies are not enough for us, All pathos and all sufferings we make ours; We have sorrow for a greatness passed away And feel the touch of tears in mortal things. Even a stranger's anguish rends my heart, And this, O Narad, is my well-loved child. Hide not from us our doom, if doom is ours. This is the worst, an unknown face of Fate, A terror ominous, mute, felt more than seen Behind our seat by day, our couch by night, A Fate lurking in the shadow of our hearts, The anguish of the unseen that waits to strike. To know is best, however hard to bear.” We are shaken by the sight of human pain, And share the miseries that others feel. Ours not the passionless lids that cannot age. Then cried the sage piercing the mother's heart, Forcing to steel the will of Savitri, His words set free the spring of cosmic Fate. The great Gods use the pain of human hearts As a sharp axe to hew their cosmic road: They squander lavishly men's blood and tears

Frappée dans la peine de créatures fouettées, Souvent elle me manque devant d’autres souffrances. Nous ne sommes pas des dieux qui ignorent la peine Et regardent impassibles la douleur du monde ; Calmes ils contemplent la petite scène humaine Et la brève passion qui traverse nos cœurs. Le conte d’une ancienne infortune nous émeut, Nous gardons l’angoisse de ceux qui ont succombé, Nous sommes ébranlés par la détresse des autres, Nous partageons les misères que d’autres ressentent. Elles ne sont pas nôtres, ces paupières sans âge ! Trop dure est pour nous l’indifférence du ciel : Nos propres tragédies ne nous suffisent point, Nous adoptons tout le pathos et tous les calvaires ; Nous nous lamentons d’une grandeur disparue Et ressentons des larmes dans les êtres mortels. Même le tourment d’un étranger me déchire, Et ceci, O Narad, est mon enfant bien-aimée. Quel qu’il soit, ne nous cache pas notre sort. Car c’est le pire, une face inconnue du Destin, Une terreur muette, sentie plus que vue, derrière Notre siège le jour et notre couche la nuit, Tapie jusque dans l’ombre même de nos cœurs,

Ce supplice invisible qui attend de frapper. Savoir est mieux, si difficile ce soit-il. »

Alors les mots du sage, perçant le cœur de la mère, Et forçant Savitri à durcir sa volonté, Relâchèrent le courant du Destin cosmique. Les grands Dieux usent de la douleur de nos cœurs Comme d’une hache pour frayer leur passage : Ils prodiguent le sang et les larmes des hommes

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