Un Parcours

Deux catégories de docteurs me rendent visite chaque jour et, entre leurs visites solennelles, constamment, nuit et jour, on allume les lumières et on me donne un médicament, ou vérifie ma tension, ou le taux de sucre dans le sang, ou m’emmène faire une radio, ou prend encore un peu de sang, ou change les cartouches de l’intraveineuse, dans un constant manège, jusqu’à ce qu’un jour Aurevan et moi demandions sérieusement aux docteurs de faire en sorte que je puisse dormir, simplement dormir sans être dérangé, dormir pour que le corps se remette et participe. Ils acceptent gentiment et les nuits suivantes, le corps trouve du repos. Deux départements distincts se relaient à mon chevet : ceux de la chirurgie reconstructive et ceux de la chirurgie générale et les premiers viennent le matin, tandis que les seconds peuvent débarquer à toute heure. Le matin, il faut changer les bandages et, pour le bras, c’est douloureux et il m’arrive de hurler. La plaie principale est un trou béant et le bras est gonflé, et chaque matin l’infirmier pousse le liquide vers la plaie afin de l’écouler, et ça fait vraiment mal, mai s ce n’est pas une douleur qui s’attarde. Il faut aussi que je garde le bras attaché à la verticale le plus souvent possible, afin de réduire l’œdème. Deux sortes d’antibiotiques sont administrées, de bouteille en bouteille se vidant goutte à goutte dans le tube flexible intraveineux. On me donne enfin un premier jus de fruit : c’est Bhoomi qui m’étreint et me reprend dans son giron, Bhoomi, la Nature matérielle, la grande Mère terrestre, ses richesses infinies, ses secrets, la nourricière : comme c’était affreux d’être séparé d’elle !

J’aurai perdu 6 kilos – le poids normal pour ce corps, qui n’a jamais eu de graisse, est de 67 kilos , il n’y en a plus que 61 .

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