Un Parcours
ce fait qui s’expose à la fondati on de la matière vivante, là où commence la forme. Quatre jours et quatre nuits dans la lumière incessante des plafonniers, à me couvrir les yeux, à demander l’urinoir, à regarder les mouvements et les allées et venues, infirmiers, docteurs et parents ou proches ; il y a une heure, dans la soirée je crois, quand Aurevan, Jean-Yves ou Parthipan peuvent s’approcher et me parler ; Dharmendran aussi vient m’examiner et vérifier ma condition ; il comprend que je souhaite boire un peu d’eau et m’y autorise. Ils disent, ce soir on va me transporter dans une chambre individuelle, puis c’est demain, puis c’est ce soir et enfin, un matin, on me roule sur une civière et me dépose sur un lit dans une chambre étroite, tranquille et bien ventilée, et Aurevan et Parthipan m’y installent et, avec Jean Yves ils vont prendre des tours de garde, et rester chaque nuit sur un petit lit le long de l’autre mur. Dans cette salle commune et aveuglante de soins intensifs – en fait, c’est surtout un jeune gars puis un autre qui se r emplacent l’un l’autre auprès de quelques « patients » pour veiller sur eux jour et nuit - , je vois clairement le défaut essentiel de l’approche scientifique et médicale contemporaine : c’est que pour parvenir à « guérir » ils séparent tout et s’adressent séparément à chaque élément puis tentent d’administrer un traitement qui tienne compte de tous les paramètres observables, mais ils ne savent pas s’adresser à la vie interne et centrale de l’organisme, ils ne perçoivent pas la conscience qui l’anime, son c entre commun : ce sont des parts, dont ils étudient les relations de proche en proche et de découverte en découverte, par expérimentation, ignorant la source.
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