Un Parcours

Le matin suivant, le 29 Mai je crois, après qu’on ait rasé le ventre, les génitales et les cuisses, une dame très ornementée, plusieurs bijoux luisant à ses oreilles, se présente comme l’anesthésiste et m’explique calmement la procédure : on va glisser un tuyau dans la gorge, que je devrai faire descendre en l’avalant jusqu’à ce qu’il soit parvenu dans l’estomac – je crois – et on y versera ce qui va m’endormir et, lorsque je me réveillerai, quelques heures plus tard, la dame promet d’être là et de me guider pour le retrait du tuyau – ne pas m’inquiéter, elle sera là… L’un des docteurs -soignants internes, un bien gentil gars, prévenant et réfléchi et compréhensif, nommé Dharmendra, me résume calmement les étapes suivantes. On met le tu yau dans ma bouche, après m’avoir vêtu d’une sorte de blouse ouverte et allongé sur une litière ; j’avale – déglutis – encore et encore jusqu’à ce qu’il soit descendu suffisamment. Puis, je ne sais plus rien. Le réveil : on me dit qu’on va retirer le tuya u ; la dame n’est pas là. Une sensation d’étouffement, affreuse ; enfin, c’est sorti ; immédiatement, les dentiers me manquent et d’une voix rauque, éraillée, je crie qu’on remette mes dents, que je puisse parler… Quelqu’un me les tend et je les replace dans ma bouche et regarde ce qui est visible. On m’emmène et me couche dans une grande salle inondée de lumières aveuglantes au plafond, chaque lit bien distant avec une tringle et un rideau coulissant ; je demande un tissu pour me couvrir les yeux. Voici le moment venu.

885

Made with FlippingBook flipbook maker