Un Parcours
formidable de matériel jeté – matériel coûteux, d’a illeurs, comme par exemple les gants stériles jetables, les kilomètres de gaze, les seringues, les rouleaux de coton - ; la plupart des docteurs prennent soin de bien expliquer et de répondre clairement aux questions. A Aurevan, lors de ces heures d’atten te que nous avons passées tous les deux, j’ai bien décrit toutes les mesures à prendre si je dois quitter ce corps maintenant ; je lui ai fait part de mon questionnement – pourquoi cet acharnement d’adversité sur ce corps, d’année en année et de jour en jo ur, comme si ces forces étaient constamment aux aguets pour le faire disparaître ? – et de ce qui me semble aussi, comme simultanément et autrement, être une possibilité : qu’il s’agit à présent d’une révision générale, comme pour un véhicule, et que la nouvelle étape se présentera ensuite. Mais je mesure mon arrogance : toutes ces années durant lesquelles j’ai tenu à rester à l’écart des allopathes et de leur approche, et me voilà livré à leur science et leurs capacités : je dois m’en remettre à eux sans r éserve.
Et l’évolution de la conscience du corps, qu’en est -il ?
Une prétention vaniteuse, seulement ?
Et pourtant !
L’élan, la reconnaissance, la soif de progrès, la joie inhérente à l’existence dans la matière, sont là, juste derrière ou comme dessous les déboires, les ennuis, les infirmités qui s’imposent dans cet organisme et redoublent son travail de défense et d’harmonisation collective.
L’opération se fera le lendemain.
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