Un Parcours
ses enfants et renouveler leurs quotidiens qui lui avaient manqué ; mais tout cela était alourdi, chargé d’un sens beaucoup plus conséquent, puisqu’il s’ agissait aussi de son sauvetage, de sa réhabilitation après cette forée malencontreuse auprès de l’ « ennemi ». Je suis resté prostré un temps, deux ou trois jours, dans l’incapacité de m’orienter, comme démoli ; mes voisins, Jossie et Patrick (Adhara), a insi qu’Aruna, veillèrent discrètement sur moi ; puis Jossie passa à l’action et entreprit de parler avec D. et de lui faire comprendre qu’elle ne pouvait pas m’interdire l’accès à Auragni, quels que fussent nos désaccords ou ses griefs, on ne pouvait imposer à Auragni cet arbitraire ; enfin je ne sus exactement comment elle lui parla, mais elle obtint un accord temporaire pour que je puisse rendre visite à Auragni. Nous nous rendîmes ensemble, Jossie et moi, à Jaïma et j’attendis à l’entrée de la communaut é, comme un visiteur inconnu, que Jossie aille les chercher ; Auragni ne marchait pas encore toute seule et D. la tenait contre elle face au monde, comme elle l’aimait ; dés qu’Auragni me vit ses deux bras se tendirent vers moi et enfin elles furent assez proches pour que je la prenne à mon tour et la serre contre moi. Nous échangèrent très peu de paroles, je voulais surtout un accord pour que je puisse venir régulièrement voir Auragni, et que peu à peu nous puissions établir une sorte de mode d’emploi prat icable. A chaque visite, cette tension de soupçon pesait sur moi et s’il arrivait que l’un des résidents aperçoive un scorpion dans sa hutte, j’en serais rendu responsable, ou si qui que ce soit éprouvait un malaise, j’en serais la source. Il n’y avait guère d’avenir dans ces conditions. D’ autres qui me connaissaient mieux, camarades dans le travail du Matrimandir surtout, tels Ruud et Barbara, s’indignaient que telle conduite puisse être acceptée dans Auroville et cherchaient quelque moyen d’aborder le sujet de façon plus impersonnelle.
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