Un Parcours
« Tu verras, tu sentiras, tu comprendras, dans quelques temps, que c‟est la meilleure chose à faire… l‟avenir… » Je m’étais rendu devant Elle et agenouillé lorsqu’Elle prononça ces derniers mots « l’avenir… », sans conclure. Mère portait une robe toute simple, laissant Ses bras nus et le haut de Sa poitrine découvert en un grand V échancré, dans un tissu très seyant de couleur unie, brun comme la terre, d’un brun où vit le feu ; Son rega rd m’attendait : la Force de l’amour vrai, la Force du Chemin. Des instants s’écoulèrent, je ne sais pas, c’était pour toujours. J’avais ces questions, cette question, « pourquoi », et j’avais aussi le souci de ne pas empiéter sur Son temps, de ne pas abus er, et j’avais aussi le « désir » qu’Elle signe le petit livret de Sri Aurobindo « La Mère », et j’avais une autre expérience à Lui signaler, enfin la tête se sentait chargée de ces tâches alors que j’aurais peut -être dû demeurer silencieux et recevoir autant que possible ; au lieu de cela je L’ai dérangée, je L’ai obligée à l’une de ces tâches que tous Lui imposaient sans relâche, et j’en ai éprouvé un tel remords ! Mais voilà, la nuit précédente, quelque chose d’étrange s’était produit, dans le sommeil ; M’zali et moi nous étions trouvés ensemble, joints ou unis mais distincts, dans une descente en vrille comme chargée de tendresse et d’abandon, dans une lumière chaleureuse et intime, descendant, descendant … où, dans le subconscient, dans l’inconscient, je ne savais pas, c’était à la fois vertigineux, impossible et normal. Or, le lendemain matin au réveil, j’ai eu l’impulsion d’ouvrir mon médaillon, celui que Mère m’avait donné le jour de mes vingt ans et dans lequel Elle avait plié un sachet de bénédicitons, et ce sachet était calciné ! Il n’y en avait plus qu’une trace noircie de suie, comme si un incendie avait pu se produire dans ce minuscule espace clos, ou une déflagration.
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