Un Parcours

Mais je n’allais pas m’en aller sans avoir revu Mère !

Et Elle voyait de nouveau les uns et les autres.

J’en parlai à Nata et Maggi : Nata se chargea de demander à Mère un « dernier entretien » et Mère lui donna le jour et l’heure.

Le 10 Mai.

Je La verrais seul, pour la première fois ; et ce n’était plus la même personne qui allait à Elle, c’était maintenant Son enfant – comme celui qui a retrouvé la mémoire apès une longue amnésie et retourne à Celle qui guide et ouvre la marche depuis des âges. Le long de la rue, je ramassai ou cueillis des fleurs que je disposai dans un bol de terre cuite : d’abord je le remplis des flocons d’or de l’arbre de « Service », sur lesquels je déposai une fleur d’ « Amour divin » (la fleur rouge corail écarlate du grenadier) et plusieurs fleurs bleues de la « Conscience de Radha », fleurs d’une plante grimpante d’un bleu soutenu en forme de clitoris. Je retrouvai Nata dans la cour de l’Ashram et montai avec lui le petit escalier étroit, si sacré pour tous Ses enfants. Je ne crois pas que nous dûmes attendre ; Champaklal ouvrit la porte et nous fit signe. Nata tout de suite se positionna à la porte qu’il referma alors que j’entrai dans la chambre de Mère. Elle était assise sur son fauteuil et je La voyais depuis l’arrière et la droite, en diagonale, tandis qu’Elle faisait face à la fenêtre donnant sur le Samaddhi ; la clarté était paisible et juste ; je voyais Sa figure un peu voûtée,Sa nuque dénudée sous Son chignon bien tiré ; je n’avais pas fait trois pas que Sa voix s’éleva, forte et calme et grave et directe, sans me voir encore, Elle me dit :

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