Un Parcours

Et je m’en fus, vers la mer ; sur le Cours Chabrol, à côté du Terrain de Tennis d e l’Ashram, Satprem avait pour habitude d’aller s’asseoir sur le parapet de pierre face à l’océan, une jambe repliée sur l’autre croisée, vêtu de son habit coutumier, un short bleu marine et une chemisette blanche, et il était possible de lui parler un peu et ainsi il faisait son travail. Je lui contai brièvement la situation ; il m’écouta attentivement, hochant la tête ; puis il ouvrir grand ses yeux de vibrance claire et me dit « c’est qua nd tout va mal que le yoga fait les plus grands pas, je le sais très bien !!! » ; puis, avec un sourire et un regard plus tendre, il ajouta « on se reverra ! ».

Tout était devenu contradictoire : alors même que mon expérience de la présence de Mère devenait plus intime et constante, au-dehors tout semblait soudainement s’opposer.

Les nouvelles circulent vite et la nécessité de mon départ fut vite connue, dans l’Ashram comme à Auroville. Il y avait un terme à mon visa et je ne pouvais donc m’attarder ; une jeune bretonne qui avait eu son premier enfant seule à la materni té d’Auroville, que Mère avait bien voulu nommer, m’ apprit que son frère, Gabriel, qui était arrivé à Auroville avec sa petite camionnette pour y offrir une cargaison d’outils (il était menuisier), avait décidé de repartir, déçu par les attitudes qu’il avait rencontrées, et cherchait un équipier pour la traversée par la route, dans sa deux-chevaux fourgonnette ; j’aimais conduire, et la p erspective d’un départ gradué, au lieu d’une déchirure brutale, m’apaisait ; nous convînmes d’une date pour notre départ.

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