Un Parcours

Mère avait indiqué, indirectement, qu’Elle mettait à la disposition de Fabienne un petit logement indépendant non loin du Cours Chabrol et de l’Ashram et j’avais compris qu’Elle souhaitait que Fabienne s’engage sur son propre chemin, mais tout ceci était sans mots ni mouvements émotionnels, c’était simplement comme c’était. Tout aussi idiotement, je dis donc « au revoir », sans ignorer une sorte de très douce ironie dans les regards ou les sourires ; et je montai dans le bus pour me rendre à Madras où je comptais trouver quelque bâteau en partance vers le Japon ; ce n’était guère réfléchi, mais rien ne l’avait jamais été jusque là !

Je m’étais assis près de la vitre du côté droit.

Les champs, les villages, les gens, les animaux, tout défilait ; sans l’ a voir jamais cherché d’aucune manière, la perception changea ou bascula et tout, absolument tout, tout sans exception, tout… était Cela : il n’y avait rien d’autre, il n’y avait aucune existence que Cela.

Les mots ne servent à rien, à ces moments.

Je ne me souviens plus combien de temps s’écoula ainsi : probablement peu de temps physique ; mais lorsque la réalité ordinaire se rétablit, toute ma formation était dissoute et je savais, savais sans plus aucun doute possible, que tout ce que je cherchais, tout ce que j’avais jamais cherché, était ici, juste ici, et ici était Mère : Mère et ce qui était autour d’Elle, ce qu’Elle exprimait, Son action, Son travail, Ses gens, Son chemin. Je descendis du bus et remontai dans un autre « pour rentrer à la maison » ! Et l’ironie que j’avais juste entr’aperçue quelques heures seulement auparavant, se changea en un doux rire de réconfort

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