Un Parcours

dernière Gitane, à l’aise dans un fauteuil d’osier ; elle ne sembla pas importunée lorsqu’elle me vit ainsi ; Françoise, au port de reine égyptienne, sa lourde chevelure noire tirée en chignon, ses yeux verts au regard vif et perceptif et ses hautes pommettes, fut aimable et directe ; ell e confirma l’arrivée de Fabienne le lendemain et m’indiqua une sorte de loge où je pourrais habiter quelques temps, à deux pas, sur la rue principale.

C’était le 2 Décembre, 1969.

Ainsi, Fabienne et moi occupèrent une chambre commune dans cette loge qui n ’appartenait pas à l’Ashram et où donc nous pouvions nous conduire en couple. Nous allâmes bientôt nous fournir en habits sur mesure ; je choisis pour Fabienne des ensembles, jupe longue et plissée avec blouse ou boléro, afin qu’elle se sente libre et mode ste à la fois ; je m’étais récemment fait raser la tête, j’avais mes anneaux d’or aux oreilles, et je portais souvent une tunique blanche et des pantalons de coton noir, c’était simple et pratique. Ce que je ne réalisais pas du tout, c’était que nous étio ns observés de tous côtés, l’arrière petite -fille de la Mère et son compagnon, elle qui n’était que mineure. Fabienne me guida partout, dans l’Ashram et ses départements, rencontrant bien des êtres paisibles et présents, leur sourire et leur bénévolence. Partout il y avait de grandes photographies de la Mère et des messages péremptoires ; j’y étais assez rebelle. Mais tous ces regards habités, tranquilles, me parlaient, me communiquaient quelquechose d’essentiel, un milieu plus véritable, que je retrouvais, comme une famille de toujours.

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