Un Parcours
boisée, presque jusqu’à la frontière, puis ce fut un peu le désert et nous arrivâmes à Damas où nous prîmes une petite chambre d’hôtel ; je n’y étais pas dépaysé, c’était une autre ville arabe, mais celle- ci choisissait d’autres c ouleurs et il y avait des vendeurs de jus de fruits pressés sur tous les trottoirs et de somptueux tissus brodés et des foules plus diverses qu’ailleurs. J’offris à Sylvina une splendide tunique brune qui lui seyait très bien ; elle avait amené dans son sac quelques pilules secrètes que peut-être bien Ode lui avait procurées, je ne sais plus si c’était de la mescaline ou du LSD, mais ce fut ma dernière prise – et la plus tranquille aussi : ce fut l ’une des expériences sexuelles les plus émo uvantes que j’a ie jamais vécues et il me sembla que j’avais pu donner à Sylvina quelque chose qui la rendrait plus forte. Elle repartit et je me promenai encore un peu ; un petit industriel se prit d’amitié pour moi et m’invita dans sa maison sur une proche colline. J’ai aimé la densité de cette foule, mais il y avait déjà des rumeurs brutales, des antagonismes purulents. Sans y faire attention, je dus en marchant un jour m’approcher trop d’un e zone militarisée, du côté de Bassorah, et fus interpellé par des officiers très soupçonneux, qui pourtant me relâchèrent assez vite et m’envoyèrent par autobus à la frontière. Kuwait : comme une scène de dessin animé, une caricature - au milieu du sable sans limites ni repères fiables, de belles routes toutes neuves s’arrêtant net devant les dunes, des gratte-ciels reflétant le soleil, de grosses automobiles bien astiquées, un immense marché de l’or , à perte de vue des étals et des casiers de verre emplis de joailleries, et les badauds et clients potentiels Je repris la route, doucement et m’engageai en Irak, vers le KUwait.
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