Un Parcours

Par Ode et Tobbias, j’avais rencontré tout récemment une extraordinaire jeune femme : Sylivina Boissonas, grande et blanche de peau, d’un blanc presque laiteux, avec une chevelure rousse abondante cascadant sur son dos, un haut visage à la fois ingrat et très émouvant, une sorte de lourdeur sensuelle presque maladroite, affublée de petites lunettes comme si elle cherchait à repousser toute approche et pourtant si attentive au moindre geste d’amitié, elle avait hérité d’une fortune qu’elle avait entrepris de distribuer selon les notions qu’elle s’était formée sur les causes dignes de soutien ; ceci évidemment lui valait bien des déceptions et elle tendait à se le reprocher elle-même ; nous sommes entrés en relation, une r elation étonnante, parfois d’une rare tendresse ; quand je lui ai dit mes intentions d’aller en quête de ce qui donnerait ou livrerait un sens à nos tâtonnements, elle m’offrit de m’aider financièrement. Je me sentais comme chargé de ramener ce qu’il nou s fallait pour que notre progrès soit fort et vivant. J’expliquai autant que je pouvais – à Colette surtout – que ce n’était pas une fuite ni une démission, mais une quête nécessaire ; je laissai à Anne de quoi se débrouiller en mon absence. Ayant vécu le choc des réalités dans mon premier essai, je choisis de voyager par étapes et je pris un billet pour Beyrouth. J’avais indiqué à Sylvina mes coordonnées, à sa demande, mais ce fut tout de même une surprise de la trouver dans l’aéroport, prête à m’accompagner pour cette première escale. Cela signifiait que, dans son cœur, elle donnait une valeur particulière à ma tentative ou recherche et cela m’a touché.

A Beyrouth, une fois arpentée, nous avons embarqué dans un autobus vers la Syrie, traversant une région magnifiquement

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