Un Parcours

à rien en particulier mais semblait insuffler comme une confiante assurance dans certaines directions plutôt que d’autres, dans certains gestes plutôt que d’autres. Nous ne savions pas le formuler ; souvent, les uns ou les autres tentaient de définir de nouveaux principes de conduite et d’action, de nouveaux objectifs, et naturellement il y avait partout une suractivité qui tendait à alourdir plus qu’à contribuer. Il était souvent question de former une communauté, de « sortir du système », enfin tous ces termes qui sont encore colportés (bien qu’avec d’autres références). Je n’avais pas la tête à ça. Plus j’allais et plus j’éprouvais un manque, comme une béance : où était ma source ? Et je pouvais alors dire à Christian que je sentais non seulement une source intérieure qui appelait, mais une source physique, localisée dans ce monde, comme un centre dont nous avions saisi un peu du rayonnement ; l’impression ou le besoin grandissaient de retourner vers l’Est, d’y chercher cette origine vibrante. Mais tout ét ait enchevêtré dans ma tête et une qualité d’austérité alignée comme celle du Zen apparaissait aussi valide et féconde que d’autres approches pratiquées en Inde (même dans certains monastères occidentaux d’ailleurs, mais c’est l’Est qui m’appelait). Quoiqu ’il en fut, la décision mûrissait en moi : j’allais bientôt repartir et je trouverais ce qui nous manquait pour avancer plus consciemment.

Christian comprenait et me faisait confiance ; les autres s’interrogeaient, mais n’avaient pas d’objection très marq uée.

Les circonstances, les rencontres, les mouvements et les réponses s’enclenchèrent.

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