Un Parcours

appartenance, d’un ordre « supérieur », d’un mouvement entraînant.

Bien sûr, parmi les milliers d’ouvrages qualifiés de « spiritualité », un bon nombre traitait de l’invisible et cultivait l’attrait de l’occulte qui, associé à celui des nouvelles substances chimiques, jouait un rôle grandissant parmi les « jeunes » - et les moins jeunes ; po urtant cela ne m’accrochait pas, même lorsque l’on essayait de me convaincre de m’affilier à quelque « ordre » ésotérique supposément au fait de l’avenir qui s’annonçait. L’un de ceux qui parfois nous rendait visite dans notre appartement, Igor Wakevitch, devenu pianiste et compositeur, se sentait porteur d’un message et d’une mission et souhaitait m’y convier – et je ne me souviens même plus de quoi, de quelle lignée exactement il s’agissait - ; tout cela contribuait à une atmosphère assez complexe et rich e d’inattendu. Car les diverses motivations ou impressions initiales qui avaient accompagné telle ou telle rencontre s’estompaient et se fondaient dans une mouvance plus solidaire, plus tacite, plus curieuse aussi de vivre chaque expérience sans l’enfermer ni la définir. C’est à cette étape que je rencontrai Christian : de six ans plus âgé que moi, sa présence était une promesse : solaire et léonin, fraternel et attentif à ne rien juger, ce fut une ouverture partagée, qui ne s’est jamais démentie ; avec lui , d’autres personnes devinrent proches et les courants se mêlèrent.

Puis vint l’année 1969.

Christian et moi nous sentirent tout à coup libérés, allégés, soutenus, comme irrigués par une autre énergie, une autre force qui circulait comme un air nouveau ; cela nous animait, c’était aussi comme une grande présence amie qui s’intéressait à tout et

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