Un Parcours

et je tapissai le plus petit espace de jute bleu afin d’en faire un lieu de repos.

Je reçus alors d’Ode un télégramme d’appel à l’aide : elle était à Jérusalem, réfugiée dans la ville arabe, ne m’indiquant qu’une poste restante ; j e crois que c’est Paul qui paya pour mon billet d’avion et je partis de suite ; mais comment m’y prendre pour la retrouver ? Je n’étais pas riche et ne pouvais donc m’installer dans un hôtel bien longtemps ; alors que je débarquai sur la grande avenue contournant la ville arabe, bruyante et bondée (il n’y avait pas encore le mur de partition), tout à coup je l’aperçus de l’autre côté, sa petite silhouette distincte ; elle se tourna et me vit. E lle m’emmena dans un bouge où elle av ait trouvé refuge et de quoi « passer le temps », car elle était alors devenue très dépendante – de quoi exqactement, je ne posai pas de question, mais ce devait être autre chose même que l’opium. Il n’y avait guère d’issue pour nous. Elle voulut un peu plus tard me convaincre qu’elle avait porté mon enfant jusqu’à sept mois et l’avait perdu, mais je ne l’ai jamais cru. (Même si, de son côté, Anne avait par deux fois avorté, et là je savais que c’était de ma faute). Mais bientôt Ode eut un enfant réellement, d’un homme que j’avais b rièvement rencontré, et elle nomma sa fille « Aur ». J’avais depuis mon « retour flamboyant » enfin passé mon permis de conduire et tout le monde pouvait se sentir soulagé, je conduirais désormais légalement ; ainsi, empruntant l’une des deux voitures de Paul, je pouvais me rendre plus souvent en Bretagne et regarder la mer des heures durant depuis « ma » falaise. Je continuais « mes études », le tissage et le cuir, un peu d’écriture, et d’autres rencontres se faisaient, comme si les êtres Je revins seul.

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