Un Parcours

Puis j’ai franchi la frontière, juste une double barrière où tout le monde devait faire halte, le même paysage de chaque côté, et pourtant… : India !!! Dés l’instant de ce premier pas sur le sol de l’Inde, je perdis tout repère : une explosion massive , inqualifiable, d’une autre sorte d’humanité, une masse infinie, dans la chaude touffeur d’une terre immense… J’aurais voulu me laisser absorber et guider par sa loi, mais le corps ne suivait pas. Je ne sais plus comment, mais je me suis retrouvé un jour dans Agra, puis à Delhi, épuisé, bouleversé par le mépris hautain et le rejet de certains vendeurs sur les trottoirs envers ces étrangers, ces petits blancs « ferenghi », et ne sachant plus comment combattre à la fois la fatigue, l’inquiétude, le sens de l’impasse, aussi physique et matérielle qu’émotionnelle ; je ne savais pas du tout que faire et le corps était en train de lâcher. Alors le seul recours qui me parut accessible fut de me rendre à l’Ambassade de France, d’où on m’a envoyé de suite consulter un docteur affilié qui a rapidement établi que j’avais attrappé une hépatite B et qu’il valait mieux me rapatrier sans délai. On m’a hébergé dans un petit hôtel, je crois, après m’avoir muni d’une brochette de pilules et gélules appropriées. Assez vite on m’a assigné une place d’avion, un avion presque vide, où ma compagne de voyage fut une charmante Italienne, gentiment bavarde et amusante.

*

Fiasco.

Echec et retour.

Début Mai 1968.

44

Made with FlippingBook Digital Publishing Software