Un Parcours
D’autobus en autobus brinquebalant , je suivis la route d’Erzurum, soulagé de rejoindre les hauteurs et de sentir les simples effluves des repas musulmans, les mêmes que dans les monta gnes de l’Atlas. Puis je franchis la frontière et entrai en Iran : d’autres autobus, quelques arrêts dans des gîtes « économiques », jusqu’à ce que, à peine sorti de Téhéran, je m’aperçoive qu’on ‘avait volé mon porte-monnaie ; il ne me restait qu’un ou deux billets et mes papiers officiels, que j’avais rangé dans une poche intérieure de mon sac : c’est dans un certain désarroi que je suis arrivé à Mashaad, le jour même de mes dix-huit ans, où se déroulait justement une grande fête religieuse avec des processions dans la grand rue d’hommes se flagellant en marchant. Quelqu’un qui devait être Sufi m’a dit quelque chose dont je ne me souviens pas, sur la foi véritable et, je ne sais comment, ces paroles m’ont encouragé à perséverer ; j’ai poursuivi ma route et suis arrivé en Afghanistan, dépensant mes dernières pièces pour me nourrir à Peshawar. Et là, sur la route, attendant que quelque véhicule me prenne au passage, une grosse voiture américaine, le modèle à époustoufler les badauds, s’est arrêtée et le conducteur, un Pakistanais vêtu à l’occidentale, m’a accueilli ; après quelques questions, il a compris ce qui m’était arrivé ; lorsque nous avons atteint les parages de la frontière avec le Pakistan, il m’a annoncé qu’il devrait bientôt me déposer, mais me donnerait cinquante roupies (aujourd’hui, ce n’est rien, mais ce jour - là, c’était suffisant pour durer un peu, au moins jusqu’en I nde).
Je crois que j’étais déjà un peu fiévreux et assez affaibli.
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