Un Parcours
elle était parfois presque considérée comme une « espionne » (fille du président de la Société, tout de même !). Nous avions institué « La Garde », selon des instructions de Mère « pas de police, mais des bataillons de gymnastes » ; nous n’étions guère entraînés, mais un dispositif de réponse rapide était devenu indispensable. En fait, avec une sorte d’in dépendance de facto sinon tout à fait légale, il nous fallait collectivement nous organiser, à commencer par les services les plus essentiels, tout en cherchant à les mettre en place selon de nouvelles perspectives et de nouveaux critères : ainsi, le service de collection et de distribution de la nourriture, « Pour Tous », celui des vêtements et ustensiles courants, celui de l’information communautaire, celui du ga z (acheter les cylindres en gros et les distribuer par maisonnée), et bientôt nous nous essayâmes à la création d’un organe de réception et de répartition des fonds, le nommant « Les Enveloppes » d’après un princi pe que Mère avait pratiqué dans l’Ashram, assignant une enveloppe distincte à tel ou tel fonds disponible selon le souhait du donateur ou le choix commun (ainsi, par exemple, le Travail Vert, l’infrastructure, les frais médicaux, la sécurité, le service de distribution etc.). De même, lorsqu’une personne se montrait capable et solide dans un domaine ou un autre, l’occupation ou le service correspondants lui étaient alloués naturellement – telle une sage-femme ou un électricien. Et, de la sorte, tout devenait intéressant, tout devenait une occasion de progrès, de découverte, de percée en avant, et de rencontre et d’appréciation. J’avais plus tôt, presque dés le départ, déjà embauché deux villageois pour les travaux quotidiens du jardin : le plus âgé s’intéressait à la facture des bordures et talus, à l’aide de galets recueillis dans les ravines, ou de petits rochers, tandis que le second se chargeait des travaux plus lou rds ou de l’entretien des jeunes arbres (les premières années de leur croissance, je veillais à leur élagage afin que chacun d’eux développe une structure équilibrée, puis les laissais grandir et s’adapter sans autre
169
Made with FlippingBook Digital Publishing Software