Un Parcours
village respectif, bien que la plupart n’aient pas encore les moyens d’acquérir une bicyclette.
La Société se montrait sans vergogne ni scrupule, soudoyant des villageois pour créer des incidents sur les terres éparses afin d’en revendiquer la possession et le contrôle et de nous accuser de divers crimes ; nous étions trop peu nombreux pour gérer tant de terres, mais nous avions sur les fidèles et adhérents des « propriétaires » légaux l’avantage d’être sur place, prêts à affronter les épreuves sur le terrain ; toutefois, il devenait évident que le seul moyen efficace et pratique de protéger et de développer une terre d’Auroville était tout simplement d’y vivre, jour et nuit ; ainsi nous nous essaimèrent petit à petit et de nouveaux lieux furent nommés un à un. Sur le plateau et, généralement, sur toute la superficie projetée de la ville et de sa « ceinture verte » réservée aux fermes et forêts, trois catégories de terres étaient juxtaposées (et le demeurent à ce jour) : les terres acquises par la Société, grâce aux donations de personnes privées, parcelle par parcelle, selon le cadastre en vigueur ; les terres communales (nommées « peramboke ») situées surtout où se trouvaient les chemins reliant les villages et les ravines charriant l’eau des moussons ; et les terres appartenant à un temple voisin, Maïlam, distant d’une dizaine de milles à vol d’oiseau. Lorsque nous commencions d e travailler sur l’un des terrains acquis, nous devions d’abord nous assurer de la bonne position des pierres de démarcation, avant d’organiser quoi que ce soit et, seulement si ces terrains étaient mitoyens, pouvions-nous planifier en conséquence et bâtir les talus qui nous aideraient à conserver l’eau de pluie et régénérer les sols. Certains des propriétaires terriens, dont les lopins se trouvaient plus près des ravines, avaient déjà, avant de vendre à la Société pour Auroville, opté pour la culture des arbres de cajou, qui ne demandaient que très peu de soins et seulement une garde attentive avant la cueillette des noix, qui se vendaient déjà assez bien ; c’était une source de revenus saisonnière, et ces plantations étaient souvent ciblées par les gens de la Société.
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