Un Parcours

Cela prit près de trois semaines de labeur ; il y avait deux dortoirs comme dans les collèges, et les moments de « récréation » se passaient pour moi à jouer au ping-pong. Puis je m’en fus marcher dans les collines et les garrigues, des jours durant, cueillant les fruits mûrs aux arbres abandonnés par des fermiers en colère et fis une halte dans un vieux mas provençal qui appartenait à Paul B. Puis, de Lyon, je rentrai en train à Paris. En moi, lentement et comme par étapes, en dépit de tous les moments d’obscure confusion et de doute, se confirmait la décision de rentrer à Pondichéry – et advienne que pourra. Je ne me faisais pas d’illusions. Mais une joie doucement croissait au-dedans. Cette joie me donnait du courage. Je ne redoutais plus le regard ou le jugement des autres, quels qu’ils soient. Je n’éprouvais plus le besoin de prouver quo i que ce soit, selon ces critères de dualité qui ont miné jusqu’à la substance même de nos corps. Je me sentais prêt à rentrer. D’un regard extérieur, je me heurtais à la crainte, l’appréhension et le doute ; mais dès que je me tournais au- dedans, il n’y a vait plus qu’un élan à la fois tranquille et impérieux. Fin Octobre, j’allais prendre mon billet quand mon père, F.J, reçut l’offre soudai ne de conduire, pour la télévision française, un entretien avec ses fils (Jean Yves et moi) au sujet d’Auroville et de sa fondation. J’étais réticent, car tout d’un coup il me sembla que chaque jour comptait. Mais l’occasion d’offrir ensemble, dans l’amiti é et le dialogue, nos engagements respectifs, était belle et juste. Début Octobre je m’en fus pour quelques jours à Essises ; l’élan pour « rentrer » devenait chaque jour plus entier.

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