Un Parcours

D’Auroville, c’est le Matrimandir qui me touchait, ce que j’avais pu en pressentir. Mais Auroville, c’était le travail physique, et je n’avais guère d’entraînement ; je doutais plutôt de ma capacité à soutenir le rythme d’une activité physique intensive. Je me souviens d’ailleurs (j’avais dû apprendre que Roger A. se trouvait à Paris) m’être rendu dans son bureau d’architecture où toute une équipe s’affairait autour de projets originaux, pour lui demander son avis personnel quant aux services dont Auroville avait le plus besoi n et qu’il me répondit sans ambages que la priorité était au travail physique. J’ai dû le rencontrer d’autres fois également, puisque je garde les images d’un immeuble cossu où il résidait, de ses parents âgés, vêtus de noir, dans un ascenseur luxueux, de sa compagne qui était modèle, et un peu de leur appartement aménagé selon les nouveaux canons « design », une alliance innovante de décor et de sculpture. Pour garder l’équilibre dans le progrès, j’avais depuis un an commencé de fréquenter un gymnase ; mai s j’y rencontrai surtout les lâchetés, les peurs, les contractions qui étaient logées dans le corps. Je sentais bien que le chemin serait physique, non seulement en termes d’activité « extérieure » et de service concret, mais en termes de progrès conscient ; Mère l’avait amplement démontré dans son organisation de l’Ashram où l’éducation physique remplissait une importante part de la sadhana de chacun, mais encore plus dans l’aventure dans laquelle Elle s’était entièrement investie, celle de l’ éveil de la conscience cellulaire, dont les « Notes sur le Chemin » donnaient déjà quelques repères. Fin Août, je retournai passer quelques jours en Bretagne, comme pour prendre mon souffle avant de m’élancer, car j’avais décidé de me joindre à un chantier de travailleurs volontaires à Barjols en Provence. Il s’agissait de débroussailler puis de remblayer une grande pente qui abutait à la rue principale d’un village haut perché.

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