Un Parcours

M ais parfois aussi nous suscitions l’intolérance, ainsi au Burundi où nous fûmes arrêtés et brièvement emprisonnés selon les ordres d’un pauvre et obscur officier Belge – qui voulut s’emparer de mon médaillon, ce que je refusai si catégoriquement qu’il y renonça. L’Afrique vibrante, profondément vitale, comme une subconscience sans frontières, une avec sa terre, ses plantes, ses créatures, bruissante et silencieuse demeure d’une sagesse secrète parce qu e la pensée ne peut la capturer : nous nous imprégnions de sa vastitude vivante en chaque instant de la veille comme du sommeil. Je me souviens avoir perçu ou ressenti plusieurs fois la présence d’un vieux sage, d’un homme très bon et grand intérieurement, qui semblait veiller sur nous avec un intérêt particulier, et cela m’a donné une clé de la dimension réelle de l’Afrique intérieure. C’est au Congo que vint le moment de mettre un terme à cette randonnée. Nous retournâmes vers l’océan, jusqu’à Mombassa. Krishna se sentait mieux préparé à se donner au travail d’Auroville. Pour moi la porte était encore fermée. Un soir pourtant, d’une ruelle de Mombassa, par une f enêtre entr’ouverte je vis les photographies de Mère et Sri Aurobindo – et j’en pleurai, comme je pleurais d’entendre, tout à coup, dans la ville, des chants de l’Inde. Mais Krishna rentrerait seul. Je l’accompagnai au bateau.

100

Made with FlippingBook Digital Publishing Software