Savitri - Book Eleven - Canto 1

Shapes seen half immaterial by the gaze And yet voluptuously palpable Made sensible to touch the indwelling spirit. The high perfected sense illumined lived A happy vassal of the inner ray, Each feeling was the Eternal's mighty child And every thought was a sweet burning god. Air was a luminous feeling, sound a voice, Sunlight the soul's vision and moonlight its dream. On a wide living base of wordless calm All was a potent and a lucid joy. Into those heights her spirit went floating up Like an upsoaring bird who mounts unseen Voicing to the ascent his throbbing heart Of melody till a pause of closing wings Comes quivering in his last contented cry And he is silent with his soul discharged, Delivered of his heart's burden of delight. Experience mounted on joy's coloured breast As one drowned in a sea of splendour and bliss, Mute in the maze of these surprising worlds, Turning she saw their living knot and source, Key to their charm and fount of their delight, And knew him for the same who snares our lives Captured in his terrifying pitiless net, And makes the universe his prison camp And makes in his immense and vacant vasts The labour of the stars a circuit vain To inaccessible spheres in spiral flight. There Time dwelt with eternity as one; Immense felicity joined rapt repose.

Des figures qui semblaient presque immatérielles Et pourtant voluptueusement palpables Rendaient sensible au toucher l’esprit immanent.

Perfectionné, illuminé, le sens y était Un heureux vassal du rayon intérieur,

Chaque émotion était l’enfant de l’Eternel Et chaque pensée un dieu doux et ardent. L’air était un clair sentiment, le son une voix, Le soleil la vision de l’âme, la lune son rêve. Sur une base vivante de calme muet Tout était une joie puissante et lucide. Dans ces hauteurs son esprit doucement s’éleva Tel un oiseau en essor qui monte invisible Chantant aux cimes son cœur palpitant De mélodie, pour enfin se poser, refermant En un dernier cri ses ailes tremblantes : Alors il se tait, son âme délivrée De tout le fardeau de plaisir de son coeur. L’expérience montait, blottie contre la joie, Un vol en spirale à des sphères inaccessibles Où le Temps et l’éternité vivaient réunis ; L’immense félicité se joignait au repos. Comme noyée dans un océan de bonheur, Stupéfaite dans les méandres de ces mondes, Se tournant, elle vit leur nœud vivant et leur source, Clé de leur charme et fontaine de leur bien-être, Et le reconnut, lui qui capture nos vies Sans pitié dans son filet terrifiant, - lui Qui fait de l’univers son camp d’internement Et, dans l’immensité vacante de ses vastes, Du labeur des étoiles un circuit inutile,

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