Mon expérience de Satprem

Satprem, qui avait exprimé sa détresse en apprenant le traitement infligé à Michel, me répondit bientôt : “ 23 Août 80. Divakar, j’ai senti l’affection de ta lettre. Auroville est un long chemin, ce n’est pas une ville. Il y a des creux, des bosses, des oui, des non mais on y va. L’important c’est de marcher – pas d’avoir ‘raison’ (ni tort). Les raisons, à vrai dire, on s’en fout, et les torts aussi – ni les uns ni les autres ne mènent là. Quelles que soient les excellentes raisons contre M, je n’approuve pas les raisons – ce sont des histoires et des raisons de bigorneau ou de n’importe quoi sur deux pattes. Mais nous allons ailleurs, n’est -il pas vrai ? Je crois d’ailleurs que les torts aident beaucoup plus que les raisons à aller ‘ailleurs’, tout compte fait. Pouvez -vous lire le cœur de l’homme ? J’ai horreur des juges, dans n’importe quell e langue, et si par- dessus le marché ils se couvrent des prétentions de l’avenir, alors ils deviennent nauséeux – flûte, passons la porte, oui, et quand nous serons de l’autre côté, nous comprendrons mieux… et nous ne jugerons plus rien du tout ! Nous verrons. En attendant, allons- y, sur cette longue route d’Auroville et nous ne sommes pas trop de tous les frères pour faire ce difficile chemin. C’est simple, non ! Moi, on m’a jugé, dé jugé, diabolisé et angélisé, mais je marche, diable ou ange ou rien du tout, je marche et je marche et jusqu’à mon dernier souffle je prierai et crierai : Mâ. Mâ, un peu plus de vérité sur cette terre. C’est tout. Je t’embrasse, Satprem” C’était ainsi pour moi aussi un certain réconfort de lire ces mots de Satprem sur la nécessité de ne plus juger, de passer au-delà... « Nous ne sommes pas trop de tous les frères pour faire ce chemin… » Voilà bien ce que j’aurais souhaité voir encouragé et pratiqué… !

Origines et tendances

Au cours des années précédentes, ma relation avec le groupe des Français avait été fluctuante et généralement incertaine. Lorsque mes positions ou orientations s’écartaient trop des leurs ou leur semblaient trop ambigües, la coutume était de m’accuser des pires maux et de voir en moi l’ « asura », l’ennemi – une face du

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