Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Je veux dire que ce que je ressens c’est que sa pensée fonctionne en à-plats, et qu’il n’a rien voulu savoir ni explorer de certaines profondeurs (je pense la même chose de Godard). 2- La « pensée juive » : aucun élitisme de ma part. Et d’ailleurs pour moi bien des non juifs peuvent avoir cette pensée profonde, et tous les juifs ne l’ont pas nécessairement. Ce que je crois là, c’est que les uns et les autres n’ont pas les mêmes, la même question ; les uns sont menés vers une enquête, aussi savante, sensible et intelligente qu’il est possible ; les autres sont menés par une quête, un appel, qui les entraîne inlassablement. Pour ne pas quitter ma comparaison, il y a, entre autres, l’existentialisme d’un côté, de l’autre la psychanalyse. Ce qui m’amène à nuancer un peu cette critique que je t’ai souvent formulée à propos de ces analystes dont la pensée ne cesse de creuser le trou : je dois être attentive à ne pas tous les mettre dans le même trou justement et à ne pas méconnaître ce qui est une quête de ce qui n’est qu’un exercice de l’esprit. Voilà.

… Je t’embrasse tout plein, avec plein de ma tendresse,

Colette.

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Le 21-12-84

Aimé,

Hier soir ta lettre du 14. Il y a des fois où la façon dont nos lettres, nos pensées, se croisent me donne le vertige – et puis c’est amusant !

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