Lettres à Divakar jusqu'à 2005
Je voudrais ajouter ces deux choses marquantes qui ont accompagné ma réflexion autour de ta remarque : Elle m’a renvoyé à ce que j’éprouve si fréquemment sinon toujours lorsque je lis tes propres réflexions ou réponses à mes questions : le regret que d’autres ne les lisent pas, un regret très fort, d’autant plus que je sais que j’ai raison. Au point qu’un jour j’ai failli à ma règle intime et respectueuse de nos échanges : j’ai fait lire à Gaby ta lettre sur la pensée. Elle m’en parle encore, y faisant référence. Et enfin, je ne peux m’empêcher de rencontrer, mêlée à ta réaction ou à ton sentiment, très compréhensibles encore une fois, une impression que j’ai depuis longtemps et dont j’ai dû te parler plus ou moins : celle qu’il y a en toi, non éclaircie encore, une difficulté, un obstacle, pour accepter une certaine élaboration, une certaine attente devant l’obstacle extérieur. Difficulté qui se cache très bien je crois sous ton refus authentique, exigeant, vrai, de toutes les compromissions, de tous les atermoiements mensongers. Peut-être on en reparlera, je le souhaite en tout cas. 2) J’en étais donc là de mes réflexions et pensées lorsque j’ai reçu de Laffont une réponse négative ainsi formulée : « L’extrême originalité de son propos et de son écriture fait que ‘D’un Seuil, Témoigner’ ne peut entrer dans notre Collection »… Je ne veux pas, ici, t’encombrer de mes propres réactions. Néanmoins je peux t’indiquer leur sens général car, après tout, je me sens, moi, concernée en tant que lectrice de ton texte. Que ton texte soit responsable, comme tu le penses, des impressions qu’il suscite, tu as raison, mais il ne l’est pas totalement. Il n’est pas entièrement responsable du regard du lecteur.
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