Lettres à Divakar jusqu'à 2005
Oui, Elie en ce moment s’invite ; elle a adopté un maquillage des yeux qui lui va très bien et contribue à l’expression d’une certaine élégance qui est en elle. Pour le reste – son instabilité, ses doutes -, ça n’a guère changé ; disons qu’ils sont actuellement un peu à l’arrière- plan, ce qui lui permet d’être spontanée et gentille. Par contre, d’autres sont aux prises avec une sorte de folie du doute : Claude et Vicky. Je ne t’avais pas dit que Vicky était revenue, en principe pour le temps des vacances de la Toussaint ; on leur avait prêté l’appartement tant que nous étions aux Prévôts. Et puis, jour après jour, elle est restée ; je crois qu’elle est repartie hier soir après s’être réfugiée dans mes bras en sanglotant : « Colette, je ne peux pas faire mes valises ! ». Tous ces jours, j’avais envie de t’en parler, mais que dire puisque le quart d’heure d’après tout était changé pour reprendre le quart d’heure suivant exactement au même point… Pour résumer, Vicky a tout fait pendant 3 semaines pour trouver un logement habitable, puis elle s’est soudain découragée devant la si pesante inertie de Claude… Tout cela est infiniment complexe, tu t’en doutes. Claude a ses problèmes, mais Vicky aussi… L’un et l’autre sont attachants, je les aime bien ; ils sont bouleversés et bouleversants et m’ont mis parfois … le cœur à l’envers. Hier Vicky m’a demandé de « soutenir » Claude (dont on peut se demander s’il ne sabote pas la possibilité qu’il a aux Studios Gaumont) et de lui insuffler l’énergie dont il a besoin ; je ne veux pas me dérober mais je ne suis pas sûre d’y parvenir ! Et puis hier devant le désarroi de Vicky j’ai comme vu tout à coup combien l’on est engagé « malgré soi » ( ?) dans les rapports avec certains êtres, combien l’on est responsable qu’on le veuille ou non, je ne sais pas très bien comment dire, ça m’a troublée.
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