Lettres à Divakar jusqu'à 2005

famille nombreuse profondément ancrée dans la communauté juive et qui le demeure ; moi enfant unique d’un couple athée profondément ancré dans la petite cellule familiale. Autre écho lorsque, alors que nous parlions de nos « confrères » et tentions de réfléchir sur eux, elle a évoqué leur mode de penser « à court terme ». Je vois dans cette sorte de similitude, - entre autres choses à coup sûr plus complexes – l’appartenance à un esprit non bourgeois. Notion qui me parait assez fondamentale ne serait-ce qu’au plan de la liberté et donc de la disponibilité et de l’ouverture. Peut-être cela joue-t-il en partie sur cette écoute au mystère que l’une et l’autre nous avons grâce à notre pratique psychanalytique. Ne crois pas que je sois en train d’idéaliser cette relation ; je suis bien sûre que, dans la vie quotidienne, nous serions confrontées à des différences ; par ailleurs, elle n’a pas la moindre intention d’assister à quelque exposé que ce soit, et moi je suis tentée d’aller écouter Green cet hiver à Paris VII ; elle n’a aucune envie d’écrire – « il n’y a rien à leur dire » dit-elle -, et moi j’ai envie d’écrire pour dire. Simplement, mon intérêt est capté par la découverte de ces grands filons communs, et inattendus souvent, entre les êtres. J’apprends beaucoup, je crois, à travers ces expériences. … Voilà donc de nouveau un bon dialogue entre toi et moi. Et qui coule bien, sans pesanteur, qui va, qui marche. J’aime beaucoup ça !

Et toi, je t’aime et je t’embrasse beaucoup et très, très fort ;

Colette.

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