Lettres à Divakar jusqu'à 2005
Par contre, voilà que Paul devient un peu sourd ! Alors, zut ! Ça ne doit pas être par hasard si ce matin en prenant mon petit déjeuner, je me suis tout à coup souvenue qu’à l’école j’avais souvent de mauvaises notes de conduite – pas insupportable, ni bruyante, non : bavarde ! Mais tu sais, nos dialogues à toi et moi, sont précieux et comblants. Et quant à mon bavardage, tu en as l’habitude quand je viens, et je t’en promets de très fournis pour mon prochain retour ! Toujours à propos de ce chapitre qui finalement m’est cher (le rapport profond entre le langage et le silence, et leur intrication), j’ai été de nouveau surprise et intéressée par le contact que j’ai eu mercredi avec Gaby à La Coupole ; c’était la première fois que nous nous retrouvions depuis juillet ; et non seulement c’est comme s’il n’y avait eu aucune interruption, mais nos perceptions avaient pris le même chemin. C’est drôle ces choses ! Pendant longtemps nous sommes restées à côté l’une de l’autre, chez Green ; et c’est maintenant, après coup, que nous prenons conscience de l’importance qu’avait pour chacune le quart d’heure du retour en voiture où nous échangions librement, et insensiblement, nos idées sur l’heure passée dans le groupe. Aujourd’hui que nous avons franchi le pas en nous libérant de toute participation à quelque groupe que ce soit, nous mesurons avec étonnement l’envergure et la profondeur de la liberté qui en résulte, pour chacune, et chacune dans son style. Sa robustesse, ma force, nos fragilités se répondent. Lorsqu’elle a essayé de me dire ce qu’elle ressent, et qu’elle découvre comme étant sa « liberté originelle », cela a aussitôt éveillé en moi un écho au plus profond et au plus lointain. C’est tellement curieux, tu vois, de penser qu’il a pu y avoir un point commun dans nos passés si différents : elle, d’une
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