Lettres à Divakar jusqu'à 2005

spectacles – et celui-là j’étais si malheureuse que tu ne le vois pas que j’ai mis ensemble nos quatre yeux ! Nous étions avec Guite à la Pointe du Décollé lorsqu’au moment d’en partir nous voyons lentement déboucher à l’horizon un admirable Quatre Mâts qui se dirigeait vers Saint Malo. Des gens, alentour, savaient qu’il s’agissait d’un bateau soviétique venu déjà il y a dix ans (et que nous avions vu en effet repartir). Alors on se précipite à Saint Malo. Quais et remparts noirs de monde. Une chance : nous arrivons cependant à nous trouver au 1 er rang devant l’écluse où le Quatre Mâts était arrêté, attendant le passage. C’est un voilier de type ancien, avec les voiles horizontales … le spectacle était fascinant : tous les marins étagés jusqu’aux sommets des mâts, équilibristes sur leurs cordages, cabans oranges pantalons blancs… Et puis, lentement, tiré à l’avant par un tout petit bateau du port, retenu à l’arrière par un second petit bateau, il est arrivé à quai, les marins agitant leur casquette en direction de la foule venue les accueillir. C’était superbe, dans cette communion avec cette foule, ce partage d’une même incontestable émotion. C’est curieux, il y a de l’indicible là-dedans : la beauté de ce navire, sa majesté, ces hommes dans les vergues, la mer, le pays lointain, je ne sais. Et je ne peux pas éviter les larmes, qui soulagent cette sorte de trop perçu, trop ressenti… Il repart vendredi, mais il n’est pas sûr qu’il lèvera les voiles, ce que tous ces gens fascinés aspirent à voir !

… Mon cœur est content des bonnes nouvelles de ta princesse.

J’espère que Barbara va continuer de bien s’adapter à cette nouvelle situation, et c’est bien dans ce sens que je lui écris. Je vais bientôt répondre à Aruna.

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