Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Ce que j’appelle un décalage (ce qui m’est soudain apparu comme tel) est en rapport avec l’Idéal. Voilà ce que je veux dire : il m’arrive de plus en plus souvent, tant j’en ai vu les bénéfices presque surprenants, de dire à tel patient qui répète inlassablement ses plaintes à propos de ses « échecs », désillusions, « ratages », - de lui dire brusquement : « Oui ? Par rapport à quoi ? ». Ici, silence profond, surprise, désorientation, etc. Peu à peu, je l’aide alors à découvrir le poids secret, la contrainte qu’exerce continûment sur lui un Idéal dont il connaît mal le visage. (Quelquefois même il y a en lui une sourde culpabilité à être si peu conforme à ce qui devient insensiblement comparable à une Loi.) Bon. Mon exemple peut paraître faux ! D’une part, vous connaissez bien votre but, vous tentez d’y aspirer consciemment, vous y travaillez. Mais, comment exprimer, comment toucher juste le point que je ressens avec tant de certitude… ? ! Mais d’autre part, donc, je crois que ce qui, curieusement, n’est pas encore concrètement pris en considération à Auroville, c’est l’écart entre cette situation humaine actuelle et celle, future, à laquelle Auroville aspire. Et que la désillusion éprouvée devant cet écart prend un caractère irréaliste, et de ce fait nuit au travail, entretient les germes nocifs à quelque niveau où ils opèrent. (Je n’ai plus qu’à compter maintenant sur ta disponibilité et ta manière de toujours comprendre ce que j’exprime incomplètement…) Ici : nous avons bien sûr fait toutes nos promenades préférées vers lesquelles le « hasard » nous mène immanquablement. Et, bien sûr aussi, hier nous sommes tombés, vers Fréhel, sur une crique inconnue, très méridionale ; et, plus tard, par

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