Lettres à Divakar jusqu'à 2005
Les Prévôts Le 6-8-84
Aimé,
… Dérision des choses : c’est au moment où je décide d’écrire ce livre … que je manque le plus de mots pour te dire, à propos d’Auroville, ce que j’ai ressenti avec tant d’apparente évidence à la lecture de ta lettre. En tout cas, à propos de mon livre, il s’est passé ce qui arrive si fréquemment : tu m’écris, « commence, et tu verras bien où ça te mène… », et tes mots sont un encouragement et plus encore, c’est-à-dire qu’ils me révèlent ce qu’à peine je me formulais ; de la sorte, ils m’aident à concrétiser ce qui n’était que timide vœu. Quant à Auroville, à ta situation (que je connais, partage intimement), mais aussi celle que me décrivent dans leurs lettres aussi bien Barbara qu’Aruna, (je veux dire leur propre situation), je me suis fait, non sans force, la réflexion qu’il y avait, que vous viviez, un décalage. Il est bien vrai que seul un dialogue pourrait me permettre grâce à son immédiateté, son caractère direct, de libérer ce mot du réseau de mes impressions. Impressions reçues, travaillées au long des années, à travers tes lettres, notre partage, les expériences personnelles que j’ai d’Auroville. Je ne m’étendrai pas encore et encore sur un aspect de mes réflexions dont je t’ai souvent parlé. Juste un rappel : ce chemin contraire à l’évolution positive, ce chemin régressif, ces germes nocifs que sont les projections sur tel ou tel « bouc émissaire », sans oublier le rapport secret entre l’accusateur et l’accusé, entre le bouc émissaire et ceux qui ont besoin de lui.
298
Made with FlippingBook flipbook maker