Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Mardi 12 juin 84

Aimé,

… Ces trois jours : deux de soleil (enfin !) et entre les deux un curieux jour de brume absolue, qui nous coupait du reste du monde. Et toujours la maison sœur – sœur de Sincérité -, toute paisible et simplement belle. … Pour le reste, - une autre forme tout aussi tangible et concrète -, je pense beaucoup à toi, rêve de toi, travaille avec toi, partage, sais, devine… Bientôt je pense, je te dirai « où » j’en suis. Ce n’est pas encore tout à fait verbalisable. Rien d’inerte ni de passif, là, c’est un travail qui se fait dans une sorte d’activité particulière, de préparation. (C’était entre autres insoupçonnable la conséquence de ma mise en disponibilité à l’égard des lundis « Green » - elle- même effet d’un certain besoin). Et puis je suis en ce moment très frappée par ceci : est-ce tellement juste de penser que les sentiments entravent l’évolution ? Ne serait-ce pas, essentiellement, les réponses émotionnelles ? Plus précisément : l’essentiel n’est-il pas de se libérer d’un certain niveau de sentiment, plus proche de la sentimentalité rétrograde, pour accéder à des sentiments plus vrais et plus désintéressés ? Je dis ça parce que, justement, c’est à Auroville, par Auroville, par mes contacts « là-bas » que je crois découvrir l’épaisseur, la texture de cette vérité-là. Est-ce que je m’explique bien ? Qu’en penses-tu ?

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