Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Je pense à toi.

Il commence à faire bien froid, mais le ciel est très clair et pur. J’espère que cela va continuer : nous allons aux Prévôts pour Noël… ; de bonnes marches en perspective. J’ai hâte de voir la mer, mais aussi ce pays des marais que nous avons parcouru cet été : j’aime les grands arbres de l’hiver et les fleurs aquatiques auront sûrement gardé leurs couleurs… Aucune autre nouvelle de Chantal. Tu sais, le mode d’expression de son « symptôme », c’est justement de n’être en communication avec personne qu’elle-même, et encore ! Et ce sur un certain registre, celui des images. Et c’est cela qui inspire quelque inquiétude pour l’avenir. D’ailleurs, entre ses périodes de « crise », Christiane me disait qu’elle ne s’intéresse à aucune conversation dés qu’elle n’en est plus l’objet ou le cadre ; à ce moment-là, elle part… Quant à Vicky et Claude, je comprends comme tu me l’écris que tu ne vois pas bien ce que tu pourrais leur dire : avec beaucoup d’êtres quand on ne partage pas avec eux concrètement, sur place, quelque chose de la vie quotidienne, la distance fait obstacle, surtout quand il y a eu liaison intime puis déliaison. Mais je suis convaincue que s’ils ont ainsi ce besoin de moi, telle que je suis, c’est en même temps une manière de rester en contact avec toi et d’abolir cette distance. Quant aux sentiments que j’éprouve pour eux, tels qu’ils sont l’un et l’autre, il est non moins évident que tu t’y trouves mêlé. Quant à toi, enfin, il me semble que tu apprécies le maintien, à travers moi, de ce lien… Bel exemple à mes yeux, dans sa transparence même, de ce que bien des situations affectives, sinon toutes, comportent

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