Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Quatre coups de téléphone avec sa mère : 1- Le premier, où elle m’annonce, « le papa de Gérard est mort, j’ai envoyé un billet à Gérard, il va venir » ; ajoutant peu après, qu’une fois réglées les multiples démarches qu’elle doit accomplir, elle aimerait aller en Inde. 2- Dimanche dernier, le 20. Elle vient de rentrer chez elle après avoir attendu avec son gendre, pendant 2 heures, Gérard à Orly. Elle m’appelle, ayant forgé dans son esprit inquiet le scénario suivant : il y a 2 sorties à Orly, Gérard les a manquées, il a pris un taxi mais, sans argent, il est peut- être arrivé chez moi. (Dans mon for intérieur je pense aussitôt que Gérard n’a pu se résoudre à partir, tout en me disant que la voiture de Pondy ou l’avion de Madras ont eu ce retard toujours possible). 3- J’attends 2 jours et appelle sa mère. Elle a en effet reçu un télégramme, mais indirectement ( ?), envoyé à Jean Louis : « que ma mère vienne ». Je te résume les longues plaintes : lourde épreuve de ces deux derniers mois, solitude, sentiment d’abandon, déception par rapport au projet sur lequel elle s’était appuyée (Gérard l’aidant dans ses nombreuses démarches administratives, après quoi elle partirait avec lui). Je tente de l’apaiser avec cet argument : Gérard, qui a été très perturbé par l’attitude de Marcia, commence à retrouver un équilibre qui risque d’être rompu s’il bouge d’Auroville, et puis l’essentiel, c’est bien tout de même qu’il lui demande de venir. Un instant, la voici apaisée, et puis c’est le revirement, elle reste butée dans sa souffrance, et un mental massif et figé. 4- Au lendemain de ce 3 ème entretien, une petite phrase de Suzanne, perdue dans le flot de ses plaintes, me vient soudainement à l’esprit : « Gérard a dû savoir que son père était mort »… Et je suis saisie ! Je comprends alors, que c’est par moi, via toi, que Gérard l’a appris ; que ce geste (si l’on peut dire) de Suzanne reflète sa crainte obscure que Gérard ne vienne pas pour elle

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