Lettres à Divakar jusqu'à 2005
Et ton expérience au jour anniversaire de ton retour à Auroville (le 13 novembre 1973 ) me semble, dans son immédiateté même, éclairante. (Attention, en effet, à cette « subtile passivité » !... Je pense que c’est celle qui t’a valu, de ma part, 3 ou 4 lettres ?!) Et il n’y a pas de doute pour le choix : l’élargissement, oui ! Quant aux effluves de poisson sur l’aérogramme, elles avaient dû se volatiliser en route. Par contre, leur évocation m’a apporté, avec une vivacité extrême, la vision du marché à Pondy (j’adore ces courses que nous y faisions ensemble), et je me suis demandé si les chattes n’avaient pas eu droit à quelque festivité… ? A moins qu’il s’agisse d’un fumet dans le restaurant que j’aime (chez Aziz ?). Et puisque je te parle de ces souvenirs sensoriels, imagine que tout à l’heure en ouvrant la porte de l’immeuble j’ai été littéralement assaillie par une odeur qui m’a projetée à Sincérité, que je n’ai pas pu identifier sur le moment, peut- être celle du savon de toilette. Ce choc a été en tout cas suffisamment surprenant pour que pendant une rapide seconde j’aie éprouvé une sorte de vertige. Et j’ai pensé combien notre appareil psychique a dû peu à peu se constituer pour protéger l’organisme contre la soudaineté et l’intensité des sensations, perceptions, messages. Et maintenant je dois laisser place à ces quelques remarques à propos de Gérard, car : j’ai toujours envie de te dire mes pensées. Or de toute évidence la mère de Gérard souhaite que je te fasse part de ses réactions pour que tu les transmettes. Et, aimant beaucoup Gérard, je voudrais qu’il ne s’engage pas, sans s’en rendre compte, dans une voie qui risque de devenir difficile. Et injuste, pour lui comme pour elle.
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