Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Même chose lorsqu’ hier, constatant et disant à Olga que je retardais toujours le moment de rentrer au 14, ce qu’elle non seulement comprenait mais approuvait, j’ai soudain un peu plus tard pris conscience qu’il ne fallait pas m’approuver, car il s’agissait d’une fuite. Et que je me barrais ainsi la possibilité de faire du vrai pour m’adapter à un changement de situation. D’où, aujourd’hui, la loggia que tu m’as rendue si harmonieuse. Et des perspectives ; dont nous parlerons lors de ton séjour en janvier. … J’oubliais : cette nouvelle « étape ». Il y a donc eu, ces trois années + quelques derniers mois, l’épreuve majeure pour René et pour moi (+ Odile). Avec des rémissions, exemple le mois d’août dernier, qui ressemblait à des vacances presque habituelles. En définitive son départ a pris le caractère d’une délivrance, une sortie de cette sorte d’enfer. L’entourage, d’ailleurs, et de manière différente pour chacun, plus ou moins directe ou plus ou moins voilée, sous-entend bien ça. De telle sorte que ce qui se passe en moi depuis quelques jours se résume à peu près ainsi : oui, bon, il y a eu cette période de trois années, invivable, indépassable, sorte de « logique » d’un psychisme perturbé, mais… et les 37 années ? Certes non exemptes de conflits, d’ambivalences, avec tout ce temps désordonné marqué par l’énorme culpabilité de René à l’égard de R., mais il y a eu de nombreux temps de tissages harmonieux, tu sais tout cela. Et j’ai alors l’impression troublante que ces 37 années de vie commune, de ma vie, se sont volatilisées, où sont- elles passées ? Je sais en fait que c’est une période d’adaptation, que cela est peut-être une sorte de prélude à l’unification. Toujours mes images prosaïques : l’impression que je vais devoir faire une couture pour relier le « bon » et le « mauvais », en définitive pour avoir la vision globale de cette vie-là. Et ce que tu m’écris dans ta dernière lettre sur ce que j’ai été, et ce que j’ai représenté dans sa propre vie, m’aide +++, me stabilise.

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