Lettres à Divakar jusqu'à 2005
Aimé,
Bon ! Il est évident que je suis remontée à fond contre ceux dont je m’aperçois peu à peu qu’ils sont à l’égal d’une mafia, mafia morale-mentale. Encore que d’après ce que l’on aime à raconter, les mafiosi ont un code d’honneur. Et je n’en vois guère chez ces gouvernementaux aurovilliens … J’ai beaucoup apprécié ce terme de « transféré » que tu as employé pour me dire comment tu t’adaptes à l’heure actuelle à ce changement dans tes engagements de travail et d’horaires. (En attendant que vous y voyiez un peu clair dans ce qu’il va convenir de faire devant cette prise de pouvoir). Je rapproche cela de ce que tu m’as écrit à propos de l’ennui que j’éprouvais, et dont tu me disais précisément qu’il fallait trouver aussitôt quelque occupation pour déjouer et défaire le piège tendu par un changement de situation. En fait, tu transfères ton énergie, ce qui n’est pas une « distraction » mais un engagement, aussi provisoire soit-il. … Tout cela prend sa place en moi. Prend sa place, cela veut dire un travail, un mouvement, une quête, une recherche, mais avec une base qui peut supporter et comprendre les tâtonnements, les allers-retours, les accepter pour en faire quelque chose. J’en ai quelques preuves, petites décisions qui sont grandes en fait. Les raconter en ferait des anecdotes un peu longuettes… Tout de même : il m’a fallu prendre vraiment conscience de ma passivité devant ce désagrément, qu’ayant perdu quelques kilos après la canicule, plus aucune jupe ne me va, je suis obligée de mettre une ceinture pour les retenir. J’ai assez de radars pour savoir que je ne les reprendrai pas, tout au moins tous ces kilos. Et pourtant je ne faisais rien… Donc, récemment, ma prise de conscience devenant exigeante, j’ai aussitôt appelé la couturière pour les retouches, un travail minutieux. Je vais bientôt pouvoir varier mes tenues. Décision qui n’est pas du tout insignifiante, je sais que ce jour-là j’ai franchi un seuil.
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