Lettres à Divakar jusqu'à 2005

… Tout ce que tu vas lire dans les pages qui suivent, je n’ai pas à en retirer un mot : mais je veux y apporter ici un rectificatif, ou plutôt le placer autrement à l’avance. Conséquence d’un téléphone avec Francis, et d’un passage où nous nous sommes dit que nous nous tiendrions toujours au courant de ce que nous apprendrions sur les … évènements aurovilliens et leur incidence sur toi et l’équipe. Peu après il s’est passé en moi un drôle de phénomène : c’est comme si j’avais été projetée en dehors de moi, à bonne distance (cette bonne distance que je suggère à mes patients !) et que je me voyais, ce dimanche dont je te parle ci-après, allant venant de la chambre à l’atelier aux prises avec « l’Absence ». Ce qui m’est alors apparu c’est une sorte de disproportion entre mon trouble psycho… etc., et ce qui se passe autour de toi : c’est-à-dire des forces, des conflits autrement plus vastes en quelque sorte. Et je me voyais, clouée par les symptômes du deuil ; « ma petite personne » à vrai dire devant l’ampleur de vos problèmes – reflets de tout un monde. Ça m’a beaucoup frappée. Et je pense à la « vérité » d’un chapitre de l’œuvre de Freud, qui fait référence, et dés le départ de notre profession : chapitre qu’il intitule « Deuil et mélancolie ». Souvent il évoque le « travail du deuil » (et c’est vrai qu’il comporte un véritable travail), mais plus souvent « la maladie du deuil, comparable aux épisodes de la mélancolie, symptôme le plus grave de la dépression. Je me suis donc vue, à propos de ce dimanche-là, me laissant entraîner dans des réflexions qui n’étaient pas autre chose qu’une maladie. Tout en pouvant dire – comme tu le liras plus loin concernant René – que je ne pouvais faire autrement. En définitive, si je ne vais pas me libérer, d’un seul coup d’un seul, de ces sortes d’automatismes, je sais cependant que l’expérience que je te décris a, et aura des répercussions solides. D’autant plus qu’en me libérant, elle me permet d’être au diapason de tout ce que tu m’as dit et écrit concernant la situation actuelle et passée, que je n’ai évidemment à aucun moment oublié (!), mais qui a peut-

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