Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Je suis tout à fait à l’unisson lorsque tu établis les parallélismes entre la situation aurovilienne et cette situation mondiale avec ses zones de conflits, de manifestations, de symptômes les plus répétitifs, les plus destructeurs et les plus vains. Que les chemins en soient dangereux comme tu le dis ne fait aucun doute. A vrai dire, je pense soudain, à la seconde, que je parierais qu’Auroville peut s’en sortir mieux que le monde en conflit actuel (encore que tout soit évidemment interdépendant) Tout simplement, si je puis dire, parce que le mot conscience y est présent, ce qui n’est guère le cas au niveau des nations, pleines de mots creux ; et vertigineux à force de faux-semblants et de tricheries, de mensonges. ... Je reconnais ma propre situation lorsque tu évoques les batailles que chacun doit livrer à tout moment, et quand tu ajoutes qu’il n’y a pas de progrès qui ne soit nécessairement entier – et détaillé. Eh oui ! Je mesure bien – à l’aide de ta lettre – les correspondances, non pas de surface mais profondes et essentielles, entre ma situation avec René, celle d’Auroville, celle des nations en ébullition : les racines communes ; c’est souvent une sollicitation, banale en apparence, qui me « piège ». Et me ramène à ces racines, ce qui est d’ailleurs à considérer comme un progrès : j’ai longtemps « oublié » de les voir à l’œuvre dans mes relations psychologiques avec René. Tu m’écris une chose fondamentale à laquelle je vais particulièrement réfléchir, entre autres à propos de mon livre : « Il ne faut pas confondre l’évolution de la conscience avec l’évolution des instruments »… C’est une notion-clé, une notion guide, concrète parce qu’applicable à tant de situations, et praticable pourvu que l’on soit orienté vers la conscience. Je comprends de mieux en mieux la place que tu donnes à la conscience par rapport aux instruments, tels l’ego, le mental. Tels les rapports entre la mère et l’enfant.

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