Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Je vais tenter de faire court et d’emblée disons que ce remous se traduirait par un « je veux changer », changer d’attitude (s), mais comment, à l’égard de quoi, de qui, je ne le sais pas. Seule à ma disposition cette « image » qui, bien que capable d’être parlée comme une idée, est essentiellement une sensation, une perception… Voici donc : nous regardions à la télévision l’évocation de variétés d’autrefois avec l’un de ses représentants les plus célèbres, Maurice Chevalier, très apprécié du public ; ce qui m’a fait dire à René combien ma mère, elle, ne l’appréciait guère : elle le trouvait vulgaire. De là, ma pensée s’est promenée vers elle : sa gentillesse, sa douceur, sa disponibilité d’écoute – son indépendance aussi, mais très secrète, quelquechose qu’elle n’osait pas vivre, me semble-t-il, qu’elle m’a transmis, et vécu à travers moi par procuration… C’est l’impression que j’en ai maintenant. En plus, et je crois que cela m’a conduite indirectement à ma réflexion imagée, ou mon image réfléchie, je me suis souvenu qu’elle a dû être malheureuse durant l’année que nous avons vécue à Marseille, une ville vulgaire à ses yeux. Et puis j’ai été traversée par une demi pensée, « voyant » en quelque sorte la réputation ( !) que j’ai en général d’être gentille, douce (pour certains, ferme aussi et « ne se laissant pas faire », libre), tandis que pour quelques autres cette gentillesse est signe d’un manque d’ambition, ou d’autorité : ceux-là n’ayant pas compris que j’ai bien trop besoin d’indépendance pour être ambitieuse (de titulariat, par exemple !) ou autoritaire. J’ajouterai à mon palmarès que pour d’autres encore j’ai pu paraître froide. Bref : la gentillesse, j’aime beaucoup et j’accepte volontiers que l’on me reconnaisse cette qualité. Et c’est là, à partir de là, que j’ai éprouvé une drôle de sensation. Le malentendu qu’elle peut générer, ou pourrait entraîner : la familiarité. Le familier, à ne pas confondre ; c’est une belle qualité de vie, lorsqu’une amitié va vous devenir familière, lorsqu’un paysage, un lieu enchanteurs, vont devenir familiers, un grand bonheur.

1523

Made with FlippingBook flipbook maker