Lettres à Divakar jusqu'à 2005
La familiarité qui souvent ne dit pas son nom est un glissement de mauvais aloi. En fait je ne crois pas être menacée par cela, mais la leçon de ma petite fable s’est trouvée, à ce moment-là de ma « promenade », concrétisée par ce que j’appellerais un battement de cœur aigu : et qui est le glissement. Ce remous, ce courant, a pris ce petit et banal chemin de tristesse pour attirer ma conscience sur les glissements qu’inconsciemment j’ai pu laisser se produire. Et que d’ailleurs ces trois inoubliables années de la maladie de René m’ont généreusement offert de pratiquer… comme tu n’as cessé de me le montrer (si l’on veut s’amuser au jeu de la psychologie plus ou moins somaticienne, je pourrais dire : « le glissement ?... je connais, un accident de voiture sur le verglas, et une chute sur une dalle de ciment mouillée à Sincérité… ! »). Je voulais terminer ma longue conversation sur une petite anecdote de mon enfance. J’avais une dizaine d’années et passais les vacances dans une station balnéaire du Nord, chez la mère d’une camarade d’école et de voisinage rue Notre Dame des Champs ; cette femme prenait en pension quelques enfants, j’ai dû y retourner pendant deux ou trois ans. Sur la plage il y avait, comme partout et toujours, une bande de garçons un peu plus âgés que nous, qui m’avaient surnommée « la comtesse » ! J’en étais très contente parce que c’était le seul titre de noblesse que je trouvais attirant… Je me suis toujours souvenue de cet épisode ; car je suis convaincue que je n’étais nullement prétentieuse ou poseuse, ne me sentais aucunement différente de mes camarades. Convaincue plutôt par une certaine tenue totalement innocente et naturelle qu’il m’est plusieurs fois arrivé dans ma vie de laisser s’extérioriser ouvertement… Conclusion : je sais que j’ai besoin de retrouver mon… titre de noblesse que j’ai laissé dans un tiroir depuis quelque temps…
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