Lettres à Divakar jusqu'à 2005
Ton aide est une protection sur laquelle je m’appuie avec d’autant plus de confiance et de certitude qu’elle apporte avec elle, chaque fois, une ouverture supplémentaire, c’est- à-dire une liberté plus tenace, plus exigeante. Souvent, j’ai perçu, du moins je le crois, un peu de ce qu’est l’expérience concrète, directe. Je pensais à te le dire et puis d’autres choses se présentaient, plus « urgentes ». Je ne retrouve pas ces « petits riens »… Je dirais en tout cas, est-ce que je me trompe ( ?), qu’il y a toujours à la base une économie de temps – ce qui permet de faire une économie de pensées, d’impressions (à moins que ce ne soit l’inverse : la seconde économie raccourcissant le temps). J’ai du mal à m’exprimer sur ce plan. C’est toujours à partir de petits exemples de la vie courante venant de toi et de ta manière de répondre que j’ai perçu cette capacité de voir rapidement, directement, et qui a pour effet de donner confiance. Je voudrais malgré ces difficultés, ces obstacles à ma pensée, m’entêter dans ma tentative d’approche : par exemple, ta façon de conduire dans des quartiers de Paris plus ou moins inconnus – à la manière de tes marches, me disais-tu, à moi, désorientée -, m’a transmis la confiance que donne ce qui m’apparaît comme une maîtrise rapide, instantanée, de la situation ; une « connaissance » préalable de celle-ci, une pratique familière. Cette instantanéité, je t’en avais déjà parlé, me touche (là où j’ai besoin d’être éveillée), en ce qu’elle dévoile la juste place devant ces « petits riens de la vie » qui sont précisément d’une grande portée. Où se trouve donc ici l’identité dont tu me parlais à propos de l’expérience directe ? Je ne sais quoi répondre, et pourtant c’est à partir de ces probables faux exemples que me parait se greffer un petit point de départ d’une perception et d’une recherche que je sens prêtes à répondre à l’expérience. (Les « flash » qu’il m’arrive d’évoquer ont
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