Lettres à Divakar jusqu'à 2005

J’ajoute que ce que tu as constaté, comme moi-même j’ai pu le faire, d’une activité chez lui située dans « la région supérieure du mental » ne me parait pas, ou plus, constante. Pas depuis sa « maladie ». Mais c’est infiniment complexe. Une chose est sûre en tout cas, c’est qu’il refuse ( !) ou ne peut pas établir, ou chercher à établir le moindre lien, entre par exemple cet été qui fut comme il dit simple et heureux et la récidive dépressive qui parait tout à la fois aigue et chronique. (Quant à moi, je dois posséder une bonne dose de naïveté pour n’en pas revenir de ce brutal contraste.) … D’autre part, … si je comprends mieux … ce que tu me dis … sur « l’illusion de la séparation », sur l’ego et ses manifestations, ou sur l’amour vrai, ou sur les effets de la conscience « si on est prêt à s’y donner et à s’y aventurer », … je me trouve en difficulté sur la pratique, la mise en pratique de cette vérité/réalité, lorsque j’ai affaire aux symptômes de René, à son fonctionnement en forme d’idée fixe …, à ses mécanismes tordus… Domaine essentiel que la pratique. En psychanalyse, il y a les concepts de base et puis il y a l’écart au contact des patients entre ces concepts qu’il est nécessaire de garder par devers soi, et la clinique, et la pratique. De même m’est- il arrivé de te poser la question que je continue de me poser : que faîtes-vous pratiquement, vous l’équipe et peut- être quelques autres j’espère, face à la meute qui ne vous lâche pas ?... La pratique, c’est la réponse immédiate à donner, en un temps qui n’est pas le temps que l’on devrait donner à la conscience pour qu’elle puisse s’étendre et colorer la situation. A vrai dire, quelquefois si, j’ai réussi à me libérer (je parle toujours de René), mais lorsqu’il ne m’a pas donné le spectacle de ses mimiques stéréotypées. Peut-être est-ce cette satanée maladie qui implique de tels stéréotypes, mais je ne peux m’empêcher de penser que je suis sa spectatrice privilégiée.

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