Lettres à Divakar jusqu'à 2005
Cette place, d’avoir été reconnue et nommée de la sorte, je l’ai retrouvée – trouvée et c’est comme si je pouvais y être sur le champ « réellement »… René. Ça ne va pas trop mal dans la mesure où il se montre gentil, conduit à nouveau la voiture (très bien sur route, mais les changements de vitesse, ciel, on souffre avec la voiture !), lit vaguement (avec, auparavant, les poings fermés pour dire « il faut que je trouve un livre », sous- entendu « apporte m-en un tout cuit… »), se promène avec moi quelques pas. Mais le reste du temps, il demeure immobile, aux prises avec sa dépression. Je sais maintenant, par Mme B., toute l’étendue et la variété des symptômes parkinsoniens, très liés à la dépression mais pouvant porter à confusion avec celle-ci. Et puis, comme nous savons, il y a en lui la force considérable de ses mécanismes. Je ne vois jamais trace de conscience réelle, vraie ; tout parait s’être englouti dans une perte de la mémoire, mais qui n’est assurément pas à mes yeux effet du seul Parkinson : la paresse (la passivité) opposée à un travail un peu conscient, sauf à de rares moments, durant toute sa vie, l’a fait tomber dans une sorte de no man’s land et de souffrance. Tu me disais au téléphone d’être dans le « positif »… A vrai dire, du moins actuellement, si j’ai appris à n’être pas dans le négatif et à ne plus tomber dans tous les pièges possibles, sentimentaux et autres, je ne sais pas si je suis dans le positif ; pour l’instant en tout cas, je sens que cela me renverrait à son contraire par définition. Je me contente d’être. Et c’est assez sain. Je peux être … gentille avec naturel. Mercredi Au retour de chez notre ami Ferhat à Saint Malo qui m’a demandé de tes nouvelles.
Alors, alors, je les ai tes deux lettres depuis hier après- midi : celle du 7 (ton second dimanche à Sincérité) et du 10
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