Lettres à Divakar jusqu'à 2005

là, ce n’est pas non plus une façon de m’en convaincre, ce serait plutôt comme un acte de foi … ou un coup de projecteur. … Avant-hier, étendue au soleil (très absent aujourd’hui !) dans le jardin, j’ai eu ces pensées à propos de la notion de « décision ». On dit qu’il est bon de savoir prendre une décision, au besoin en s’accordant le temps nécessaire. Et de s’y tenir. Il y a du « il faut » derrière tout ça, et depuis mon plus jeune âge je me suis méfiée de ces « il faut » (aidée en cela par ma mère et son profond naturel, mais sans qu’elle sache aller jusqu’à y donner une place à la conscience). Bon, j’y arrive, j’y arrive : je me suis dit que s’il était bon de prendre une décision, il n’était ni mauvais ni vain de la mettre à l’épreuve de la réalité (matérielle et psychique), de l’aménager ou de la renouveler. Bref : tout cela tourne autour de la décision – raisonnable à coup sûr – de ne pas revenir à Auroville, dans la mesure où toi tu viens ici. Or, voilà ce qui a eu lieu l’autre soir lors du dîner avec les Fournel : on parlait d’Auroville, je disais mon regret de ne pas revoir certains amis, évoquant la qualité « là-bas » de l’amitié. Et puis je me suis entendue dire – vraiment ce n’était nullement préparé, je ne savais pas, sauf certainement à l’arrière-plan ce que je sais d’eux, de leur façon de retourner en Afrique - : « je voudrais retrouver ma place sous le Banyan, c’est ça ! »… « Je comprends très bien », m’a répondu la femme de Jean Jacques, Berthe… « Ça » : cela contient, représente, parle, condense ; s’est inscrit en moi depuis. J’aime beaucoup cette économie de réflexions, commentaires, et il y a là quelque chose de profond : il y avait du plein lorsque j’y étais, sous le banyan, dans une tranquillité totale. Bref encore : je ne saurais malheureusement pas bien exprimer tout ceci qui se trouve en quelque sorte avant les mots, mais ma décision s’est trouvée éclairée, curieusement, par ce souhait qui s’est trouvé comme par magie réalisé.

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